Togo : Gnassingbé active la Haute autorité de lutte contre la corruption

Comme prévu par la loi votée en juillet 2015, le chef de l'Etat togolais Faure Gnassingbé vient de procéder à la nomination des membres de la haute autorité de lutte contre la corruption. Au nombre de 7 au total, ils auront la tâche de lutter et de prévenir la corruption. Une tâche très difficile dans un pays pointé du doigt par tous les derniers rapports de Transparency International.

Le président de la république du Togo a nommé sept personnes pour conduire les activités de la haute autorité de lutte contre la corruption. Il s'agit de Wiyao Essohanam, Folivi Assiongbon, Tchémi Mba, Ayena Akossiwa, Koudjo Ayayi, Aladou Agouta et Arouna Lardja. Nommées pour un mandat de trois ans renouvelable une seule fois, leur rôle sera de déceler la corruption, l'endiguer et donc de lutter de manière efficace et efficiente contre elle. Pour ce faire, les membres de la haute autorité devront promouvoir la bonne gouvernance, prévenir les enrichissements illicites, les détournements, les fraudes, la surfacturation, les extorsions de fonds, les chantages, les pots-de-vin, les conflits d'intérêt, les crimes financiers divers... Cette nomination fait suite à une loi contre la corruption votée en juillet 2015 par l'Assemblée nationale du Togo.

Ce geste du chef de l'Etat en ce début d'année 2017 n'est pas sans rappeler les divers défis des autorités togolaises. Epinglé par la plupart des rapports de la communauté internationale, le Togo ne peut pas bénéficier de certains instruments financiers dont le Millenium Challenge Account. Classé 107 sur 167 pays en 2016 par Transparency International sur la corruption, le Togo a beaucoup à faire pour gagner des points. La mise sur pied de cette haute autorité pourrait grandement y contribuer.

Mais l'opposition n'y croit pas

C'est peut-être aussi son rôle d'éveiller la conscience du peuple et de rester en alerte. L'opposition togolaise se refuse de faire confiance à ces personnalités nommées par le chef de l'Etat. L'honorable Jean Kissi, parlementaire de l'opposition doute que les nommés puissent faire leur travail objectivement. « Il n'est pas sûr que ceux qui viennent d'être nommés réussiront à contrôler ceux qui les ont nommé », a-t-il objecté, faisant allusion à la loyauté dont les nommés peuvent faire preuve vis-à-vis des membres du gouvernement. Selon lui, les derniers scandales financiers, que le Togo a traversé ont prouvé que le pouvoir de Lomé est au cœur de la corruption.

Les inquiétudes de Jean Kissi sont partagées par Emmanuel Sogadji de la ligue togolaise des consommateurs. Pour ce dernier, les membres nouvellement nommés « doivent faire preuve d'indépendance ». Un exercice qu'il trouve difficile. Dans le peuple, beaucoup partagent son point de vue. Emilie Amétana, une étudiante en fin de cycle en droit estime même qu'il serait salutaire que les membres déclarent avant tout leurs avoirs afin de mieux rendre compte à la fin de leur mandat.

Il faut dire que les inquiétudes de la population sont légitimes. Ce n'est pas la première fois que le régime de Faure Gnassingbé nomme des personnalités qui finalement n'arrivent pas à faire leur travail. « La cour des comptes en est la preuve », avertit Sylvain-Epiphane Vidzraku, journaliste éditorialiste à Lomé.

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