Elections au Burundi : une campagne sur fond de violences et de répression

La campagne pour les élections présidentielles, législatives, et municipales du 20 mai au Burundi a débuté ce lundi sur fond de vives tensions. En cause, les autorités, le parti au pouvoir et les Imbonerakure qui seraient derrière l'intimidation et la répression des membres et sympathisants de l'opposition et des médias.
Mounir El Figuigui
Des militants du CNL qui auraient été interdis ce lundi 27 avril par les autorités provincial de Kayanza de se rendre à Ngozi (nord) dans le cadre de la campagne présidentielle. 

Le CNL a débuté ce lundi 27 avril la campagne présidentielle au stade Muremera  à Ngozi, dans le nord du Burundi.
Des militants du CNL qui auraient été interdis ce lundi 27 avril par les autorités provincial de Kayanza de se rendre à Ngozi (nord) dans le cadre de la campagne présidentielle. Le CNL a débuté ce lundi 27 avril la campagne présidentielle au stade Muremera à Ngozi, dans le nord du Burundi. (Crédits : CNL Burundi)

La campagne pour les élections présidentielles, législatives, et locales du 20 mai au Burundi a débuté ce lundi 27 avril, sur fond de tensions entre le pouvoir et l'opposition qui accuse le gouvernement de minimiser volontairement l'épidémie de Covid-19, pour éviter que la population ne s'interroge sur l'opportunité de maintenir les élections.

Les organisations de défense des droits de l'homme et les partis de l'opposition affirmaient encore aujourd'hui que les membres de la jeunesse du CNDD-FDD (Conseil national pour la défense de la démocratie-forces pour la défense de la démocratie, au pouvoir), connus sous le nom de « Imbonerakure » (ceux qui voient loin, en langue locale kirundi), ont pris à partie les sympathisants de l'oppostion, alors que le gouvernement a menacé et arrêté arbitrairement des journalistes et des militants droits-de-l'hommistes.

Le CNL dans le fief de Nkurunziza

La campagne qui durera jusqu'au 17 mai, selon un décret présidentiel, a débuté à 4h (GMT) et se termine à 18h chaque jour, « toute propagande » en dehors de la période fixée étant interdite.

Sept candidats sont en course pour la présidentielle, dont celui du parti au pouvoir, le CNDD-FDD, le général Evariste Ndayishimiye, présenté sur les affiches électorales comme « l'héritier » de Pierre Nkurunziza qui trône sur le fauteuil présidentiel depuis 2005, mais qui ne se représente pas. Le principal adversaire de Ndayishimiye est le leader historique de l'ex-rébellion hutu des FNL et candidat du Conseil national pour la liberté (CNL), Agathon Rwasa.

Le CNL a choisi Ngozi, fief du président Nkurunziza, et a mobilisé des dizaines de bus pour amener des milliers de militants de tous les coins du pays. « La Commission électorale nous a donné des kits constitués de seaux d'eau et de savon pour que les sympathisants qui vont participer aux meetings se lavent les mains, mais on se rend compte que cela ne servira à rien », a expliqué à l'AFP un responsable politique, sous couvert d'anonymat.

« Une vague de violences », selon les ONG et l'opposition

L'année dernière, un rapport des Nations unies accusait les forces de sécurité et le parti au pouvoir de viols collectifs, de tortures et d'assassinats. Le CNL a également accusé la police, les services de renseignement et les fonctionnaires d'avoir perpétré des meurtres et des disparitions forcées de ses membres.

« Certains des auteurs de ces actes inqualifiables sont des responsables du parti au pouvoir et de ses alliés, des fonctionnaires membres du parti au pouvoir, de jeunes membres du parti au pouvoir et des collaborateurs des services de renseignement ou de la police », déclarait la semaine dernière aux journalistes Therence Nahimana, porte-parole de CNL.

Selon ce dernier, quelque 200 membres du CNL avaient été détenus, alors que les biens, les récoltes, les maisons et autres actifs des membres du parti avaient été détruits. Entre janvier et mars, la Ligue Iteka, un groupe de défense des droits des Burundais en exil, aurait documenté 67 meurtres, dont 14 exécutions extrajudiciaires, et six disparitions.

« Il ne fait guère de doute que ces élections s'accompagneront d'autres abus, dans un contexte où les autorités burundaises et les membres des Imbonerakure utilisent la violence avec une impunité quasi totale pour permettre au parti dirigeant de consolider sa mainmise sur le pouvoir », a déclaré pour sa part Lewis Mudge, directeur pour l'Afrique centrale à Human Rights Watch.

La COPA dans les rangs du général-major Ndayishimiye

Début avril, les partis politiques membres de la COPA 2020 (Coalition pour une opposition démocratique participative pour les élections de 2020) décidaient de voter « massivement » le général-major Evariste Ndayishimiye.

En plus de ce dernier et d'Agathon Rwasa (1er vice-président de l'Assemblée nationale, cinq autres candidats se présentent pour la présidentielle : Léonce Ngendakumana (ancien président de l'Assemblée nationale) pour le compte du Front pour la Démocratie au Burundi (Sahwanya-FRODEBU) ; Gaston Sindimwo (1er vice-président de la république) pour l'UPRONA (Unité pour le progrès national) ; Domitien Ndayizeye (ancien chef d'Etat) au nom de la coalition Kira Burundi («Guéris Burundi») ; ainsi que deux indépendants, Francis Rohero et Dieudonné Nahimana.

Mounir El Figuigui

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