Depuis ce jeudi 1er août, Mohamed Abdullahi Mohamed n'a plus qu'un seul passeport : celui frappé des armoiries de la République fédérale de Somalie. Dans les tiroirs de son bureau de la Villa Somalia, le palais présidentiel, ne devrait plus se trouver que le passeport vert de la Somalie en lieu et place de celui de couleur bleue qu'il côtoyait jusque-là.
«Le président a renoncé à sa deuxième citoyenneté»
«La Constitution provisoire somalienne autorise les citoyens somaliens à détenir deux passeports. Cependant, le président a volontairement débuté le processus de renoncement à sa deuxième citoyenneté après son élection comme président. Ce processus s'est achevé aujourd'hui [jeudi 1er août 2019, NDLR]», indique le communiqué publié par la présidence. «Nous vous informons officiellement que le président a renoncé à sa deuxième citoyenneté, celle des Etats-Unis. La tâche a été longue et a impliqué des experts juridiques des départements naturalisation américain et somalien», justifie le texte.
Au terme d'un scrutin particulièrement long et chaotique, Mohamed Abdullahi Mohamed est élu le 8 février 2017, neuvième président de la République fédérale de Somalie. Avant d'accéder au poste, cet ancien fonctionnaire de la diplomatie somalienne a d'abord a été le Premier ministre (novembre 2010 à juin 2011) du président Sharif Sheikh Ahmed, séduit par sa pertinence d'analyse lors d'une visite aux Etats-Unis. Au pays de l'Oncle où il avait fini par demander l'asile, ce diplômé de science politique de New-York a d'abord travaillé pour les municipalités d'Erié (Pennsylvanie) et Buffalo (New York).
Calcul politicien pour la présidentielle de 2021?
Le renoncement à sa nationalité est donc un acte fort du président somalien. Au sein de la présidence où on communique peu sur les véritables raisons, on indique que si l'acte n'est posé que deux années après son arrivée à la Villa Somalia, c'est que « Formajo» s'est heurté à des obstacles juridiques. Un bataillon d'avocats avait d'ailleurs été commis pour étudier les voies pour faire aboutir la procédure. Pourtant ce n'est que l'écume des explications fournies.
Les détracteurs du président font valoir que le timing du renoncement à la nationalité américaine entre en droite ligne d'un calcul politicien mû par le désir de «Formajo» de se positionner pour la présidentielle de 2021. Ils en veulent pour preuve que plus de la moitié de la famille du président continue de conserver la double nationalité. Certains vont jusqu'à conjecturer qu'il pourrait reprendre la nationalité à laquelle il vient de renoncer via son épouse ou ses enfants. Pour le symbole en tout cas, Mohamed Abdullahi Mohamed n'est plus affilié qu'à un seul pays : la Somalie.
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