Il n'avait que 4 ans et portait encore son vrai nom, Robert Kyangulanyi Ssentamu, lorsque Yoweri Kaguta Museveni arrivait au pouvoir en Ouganda. Aujourd'hui âgé de 37 ans, Bobi Wine, de son pseudonyme de scène, veut bouter hors du Palais l'homme de 75 ans qui a invariablement été élu en 1996, puis quatre fois élu à toutes les élections que le pays d'Afrique de l'Est a organisées depuis son arrivée au pouvoir par les armes en 1986.
«Au nom du peuple», Bobi Wine défie Yoweri Museveni
Pour se poser en alternative pour la jeunesse, le jeune chanteur a annoncé, sans surprise, son intention de se porter candidat à la présidentielle de 2021, l'année où le fauteuil du State House, le palais présidentiel de Kampala, va être remis en jeu. «Au nom du peuple d'Ouganda, je vous défie lors d'une élection libre et juste en 202», a lancé Bobi Wine lors d'un meeting à l'intention du président sortant qui brigue son sixième mandat. Et comme l'affirment plusieurs observateurs vers une présidence à vie qui ne dit pas son nom.
«Je connais les dangers auxquels je vais faire face en défiant Museveni, mais j'ai été encouragé par les Ougandais, qui m'ont dit que je suis le leader qu'ils veulent», justifie le releveur de défi. La seule évocation des «dangers» qui le guettent laisse présager un long chemin avant le scrutin présidentiel. Même la déclaration solennelle a failli ne pas avoir lieu.
Sous la pression des redoutables forces de sécurité, toutes les réservations pour tenir la réunion dans de grands hôtels du pays ont été curieusement annulées. Les équipes de communication de Bobi Wine ont dû jouer au «chat et à la souris» avant d'annoncer que la réunion aurait lieu dans sa résidence.
Un combat jusqu'au sommet de l'Etat
La popularité de Bobi Wine a été le cric qui l'a hissé vers la politique. Béret rouge sur la tête pour dissimuler ses dreadlocks coupées, Bobi Wine prend la tête de la bronca contre le quatrième mandat de Yoweri Museveni. Plusieurs fois arrêté, parfois blessé lors des descentes musclées des forces de sécurité, quelques fois «exilé» pour sa sécurité personnelle, Bobi Wine ne remporte pas le combat pour la renonciation de Museveni, mais réussit à se bâtir l'image d'une voix sérieuse et écoutée.
Élu député en 2017, il utilise son entrée à l'Assemblée nationale comme nouvelle tribune pour porter des charges critiques au pouvoir en place. On est loin de sa vie lisse de star adulée de l'afrobeat qui lui vaut d'ailleurs le nom de scène de Bobi Wine. Déjà lorsqu'il déclinait ses notes de musique, le crooner s'était posé en défenseur des causes du peuple. Aujourd'hui, il souhaite porter le combat plus haut, jusqu'au sommet de l'Etat.
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