Au Ghana, les séparatistes du Togoland occidental sont libres

A 85 ans, Charles Kormi Kudjordji risquait gros. Sous le coup d’une inculpation pour «haute trahison», le leader du Homeland Study Group Foundation, l’ONG qui porte au Ghana les revendications sécessionnistes du Togoland Occidental et 80 autres militants de sa cause avaient été arrêtés en mai dernier après la mise en échec de leur plan pour proclamer l’indépendance de cette région de la Volta. La justice ghanéenne vient d’abandonner les lourdes charges retenues contre eux.
(Crédits : Reuters)

C'est ce qu'on appelle le privilège d'aînesse. En raison de son âge avancé, Charles Kormi Kudjordji avait bénéficié d'une remise en liberté sous conditions sans que les charges retenues contre lui et ses acolytes ne s'évaporent. Ce lundi 8 juillet, lorsque le verdict tombe, c'est la délivrance pour lui et huit de ses compagnons de route. Arrêtés le 5 mai dernier puis transférés à Accra en vue de leur procès au cours duquel ils avaient été inculpés de «haute trahison», ils risquent théoriquement la peine de mort même si techniquement le Ghana est abolitionniste de la peine capitale depuis 1993.

La veille de l'audience de ce début de semaine, Jerome Nkrumah, le juge en chef de la Haute Cour d'Accra et ses assistants ont sévèrement tancé le procureur et les enquêteurs pour avoir porté atteinte aux droits et aux libertés fondamentaux des accusés par des manœuvres, selon eux dilatoires à l'ouverture du procès. Fred Awindago, le procureur de la République s'était alors présenté devant les juges pour demander un ajournement du procès, le temps de rassembler des éléments plus concluants pour la suite de la procédure. Les juges avaient alors mis l'affaire en délibéré.

Documents accablants!

Lundi 8 juillet, le procureur Winifred Sarpong, le représentant de l'Etat ghanéen s'est résolu à jeter l'éponge en annonçant l'abandon des charges contre les neuf séparatistes accusés de «haute trahison», de «complicité de rassemblement illégal» et de «comportement offensant de nature à favoriser la rupture de la paix». « L'État ne s'intéresse plus à cette affaire», a fait savoir le représentant du ministère public lors du procès. De quoi lever les lourdes charges du groupe de neuf personnes perçus comme les cerveaux d'une déclaration avortée de sécession du Togoland Occidental.

Le 5 mai dernier, une opération conjointe de la police et de l'armée a permis de mettre la main sur 81 personnes dans la municipalité de Ho, dans la région ghanéenne de la Volta (sud-est du Ghana). Venus en soutien pour des manifestations destinées à célébrer l'indépendance de ce qu'ils considèrent comme le Togoland Occidental, elles avaient été appréhendées avant même le début des «festivités». Le même jour, réunis au domicile de Charles Kormi Kudjordji, les huit autres prévenus du procès, pour la plupart d'anciens militaires ou policiers, avaient eux été arrêtés avec des documents pour le moins accablants : ébauche d'hymne national, mouture de constitution et tee-shirts de célébration d'indépendance.

L'empreinte de l'Histoire

Le Togoland est un ancien protectorat de l'Allemagne sur cette région qui regroupait une partie des actuels Togo et Ghana, entre 1884 et 1914. A la fin de la Première Guerre mondiale, les territoires sous autorité allemande ont été rétrocédés à d'autres puissances européennes. Il y eût donc un Togoland français et un Togoland britannique intégré au Ghana via un référendum en 1956. Ce dernier est toujours contesté par des séparatistes.

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