Victoire d’Ould Ghazouani : en Mauritanie, l’opposition saisit le Conseil constitutionnel

La tentative de contestation par la rue a été stoppée par la manière forte. Au lendemain des violents échauffourées entre policiers et protestataires, l’opposition mauritanienne a donc choisi d’activer les leviers légaux. Ce mardi 25 juin, avant l’expiration du délai de recours, elle a introduit auprès du Conseil constitutionnel, une requête en annulation des résultats de la présidentielle qui donnent Mohamed Ould Ghazouani vainqueur dès le premier tour.
Mohamed Ould Ghazouani a remporté le scrutin du 22 juin 2019 avec 52,01% des suffrages exprimés.
Mohamed Ould Ghazouani a remporté le scrutin du 22 juin 2019 avec 52,01% des suffrages exprimés. (Crédits : Reuters)

Ce sera une bataille judiciaire, après la bataille dans les urnes et la contestation dans les rues. In extremis avant l'expiration du délai légal fixé à minuit, l'opposition mauritanienne a finalement enclenché la procédure de contestation des résultats du premier tour de la présidentielle devant le Conseil constitutionnel.

Annulation des résultats, organisation d'un nouveau scrutin

Respectivement second et troisième selon les résultats du premier tour publiés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Biram Dah Abeid (18,58% des suffrages) et Sidi Mohamed Ould Boubacar (17,87%) ont déposé un recours contre la victoire de Mohamed Ould Ghazouani, déclaré vainqueur de la présidentielle du 22 juin. La requête vise à faire annuler ces résultats que les opposants estiment entachés de fraudes. Leur solution : l'organisation d'un nouveau scrutin sous supervision internationale d'observateurs internationaux impartiaux.

Cette contestation par voie légale est précédée d'une tentative de protestation dans les rues de Nouakchott, la capitale. Les débris de projectiles, de pneus brûlés devant les sièges hors d'usage de quatre opposants sont suffisants pour témoigner de la violence des accrochages entre policiers et partisans de l'opposition. Au lendemain de la publication des résultats, ces derniers ont été violemment pris à partie par les forces de l'ordre alors qu'ils tentaient de se réunir devant le siège de la CENI en signe de protestation contre des fraudes présumées lors du scrutin.

«Main étrangère» et realpolitik

La bataille sera désormais judiciaire. Le Conseil constitutionnel dispose de huit jours pour instruire et se prononcer sur la recevabilité de la requête en annulation. En attendant, c'est la guerre des nerfs. Sans fournir de bilan, l'opposition dénonce le saccage des quartiers généraux de certains candidats dans lequel plusieurs blessés sont signalés, notamment des étrangers. Du côté du pouvoir, Ahmed Ould Abdallah, ministre de l'Intérieur, a dénoncé une «tentative de déstabilisation» de la Mauritanie par «une main étrangère en provenance de pays voisins».

Entre les lignes, le pouvoir vise sans doute le Sénégal, le Mali ou la Gambie dont les ambassadeurs ont été convoqués par la diplomatie mauritanienne. Plusieurs de leurs ressortissants ont été arrêtés durant la contestation dans les rues et quartiers de Nouakchott. Chez les puissances occidentales, on semble revenir progressivement à la realpolitik. Sans évoquer ni les coupures d'Internet ni les échauffourées, la diplomatie française a déjà envoyé un message de félicitations à Mohamed Ould Ghazouani tout en saluant la passation de pouvoir avec Mohamed Ould Abdelaziz. Tout cela sans que le processus électoral, notamment le recours de l'opposition, n'ait été examiné.

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