Mauritanie : crise postélectorale dans un huis clos comminatoire

Aucun bilan n’a pour le moment été communiqué par les autorités de Nouakchott. Mais les échauffourées avec les forces de l’ordre après leur descente musclée aux quartiers généraux des différents opposants a fait des blessés sur lesquels aucun camp n’a encore mis de chiffres. Une vive réaction qui témoigne d’un début de crise postélectorale à la suite de la contestation de la victoire annoncée de Mohamed Ould Ghazouani, l’ami et frère d’armes de Mohamed Ould Abdelaziz, président sortant, alors que l’opposition réclame la tenue d’un second tour.
Mohamed Ould Ghazouani, ancien chef d'état-major de l'armée et frère d'armes du président sortant Mohamed Ould Abdelaziz, a remporté la course au palais présidentiel du 22 juin avec 52,01% des suffrages.
Mohamed Ould Ghazouani, ancien chef d'état-major de l'armée et frère d'armes du président sortant Mohamed Ould Abdelaziz, a remporté la course au palais présidentiel du 22 juin avec 52,01% des suffrages. (Crédits : DR.)

Les quartiers généraux de Biram Dah Abeid et de Kane Hamidou Baba sont hors service. Comme témoins de la gravité de la situation, ces tours de conquête électorales étaient encore jonchées de débris des lacrymogènes que les forces de l'ordre avaient utilisées pour disperser les manifestants qui réclamaient la tenue d'un second tour de la présidentielle du 22 juin dernier.

Journée à haute intensité

La journée du lundi 24 juin a été haute en intensité. Au forceps, les policiers ont mis un brusque coup d'arrêt à la tentative de rassemblement de manifestants pour un sit-in devant le siège de la Commission électorale nationale indépendante (CENI ) en signe de protestation contre des fraudes présumées. De violentes échauffourées ont opposé les manifestants aux forces de l'ordre qui ont effectué des descentes musclées aux sièges des différents opposants que leurs partisans avaient ralliés pour entretenir le feu de la contestation.

Le flou persiste sur le bilan de cette longue journée. Aucun bilan officiel n'a été fourni ni par des autorités surprises par l'énergie de protestataires, ni par les opposants trop occupés à peaufiner la riposte politico-médiatique au pouvoir. Mais l'amoncellement épars de débris de pneus brûlés, de monceaux de bois, de briques devant les sièges de campagne témoigne de la violence des affrontements. Certaines sources parlent de plusieurs blessés que l'on se garde de transporter à l'hôpital pour des raisons de sécurité, sans que cela soit vérifiable. Pour ajouter au huis clos inquiétant, l'accès à Internet est en partie ou en totalité impossible.

Sourde oreille du pouvoir

La veille au soir, alors qu'on tablait sur une annonce en début de semaine, l'instance électorale a rendu publics les résultats du scrutin présidentiel. Ecartant toute éventualité d'un second tour, Mohamed Ould Ghazouani, ancien chef d'état-major de l'armée et frère d'armes du sortant, remporte la course au palais présidentiel avec 52,01% des suffrages. Toujours selon ces résultats, il devance Biram Dah Abeid qui recueille 18,58% des voix et les opposants Sidi Mohamed Ould Boubacar (17,87%) et Baba Hamidou Kane (8,71%). Main dans la main avec Mohamed Ould Maouloud, les trois opposants ont rejeté ces résultats qu'ils estiment entachés de «fraudes» et appellent à la tenue d'un «inévitable second tour».

Avant cette posture de rejet, le thermomètre de la crise post-électorale qui s'annonce avait grimpé d'un cran. Les départements de la Sûreté nationale et de l'Intérieur avaient servi une convocation aux opposants afin de les mettre en garde contre un débordement des actions de leurs militants qu'ils devraient raisonner. C'est justement cette audition réalisée dans la célérité -le zèle- qui a ajouté de la tension au face-à-face de leurs militants avec les forces de sécurité. Le pays semble amorcer le début d'une contestation électorale face à laquelle le pouvoir semble faire la sourde oreille.

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