Si les talents de médiateur d'Abiy Ahmed sont reconnus, son passage à Khartoum pour tenter de désamorcer la crise politique semble ne pas être du goût de tout le monde. Sa rencontre avec le Général Abdul Fattah Al-Burhane ce vendredi, a été suivie d'une série d'arrestations aussi bien dans les rangs de l'opposition que des rebelles soudanais par des hommes armés.
Arrestations dans les rangs des contestataires comme ceux des rebelles
Tard dans la nuit du vendredi 7 au samedi 8 juin, Mohamed Esmat, figure de proue de l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC) qui mène le mouvement de contestation, est la première personnalité à en avoir fait les frais. «Lorsque nous sommes sortis de l'ambassade d'Ethiopie, une voiture avec des hommes armés s'est arrêtée, ils ont emmené Mohamed Esmat vers un lieu inconnu et sans donner d'explication», a expliqué à l'AFP Essam Abou Hassabou, une autre figure de l'ALC.
Les arrestations n'ont pas seulement visé les figures de la contestation qui a conduit à la chute d'Omar El Béchir. Dans la foulée de l'arrestation très décriée de Yasser Amran, le chef-adjoint du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM-N, acronyme en anglais), Ismaïl Jalab a quant à lui été arrêté très tôt ce samedi matin à son domicile à Khartoum. Transporté dans un lieu inconnu, le secrétaire général du SPLM-N aurait été arrêté par une milice paramilitaire. La même milice aurait procédé à l'arrestation de Moubarak Ardol, le porte-parole de cet ex-groupe rebelle actif dans les Etats de Kordofan méridional et du Nil Bleu.
Sérieux coup à la médiation d'Abiy Ahmed
Toutes ces personnalités font partie du lot des personnes qui ont rencontré Abiy Ahmed. Le Premier ministre éthiopien est arrivé ce vendredi 7 juin dans la capitale soudanaise pour une mission de bons offices après une violente répression en début de semaine d'un sit-in de manifestants par des forces de sécurité. La dispersion s'est soldée par des dizaines de morts et des centaines de blessés. L'ONU a d'ores et déjà annoncé qu'elle enverrait une équipe du Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme pour observer les violations.
Perçue comme une dernière chance de mettre d'accord le Conseil militaire de transition(CMT) et la contestation, la médiation du Premier ministre Abiy Ahmed était perçue comme décisive pour la crise au Soudan après la suspension décidée par l'Union africaine(UA) suite à la violente répression. Ces arrestations viennent d'y porter un sérieux coup.
Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !