Obsèques d'Etienne Tshisekedi : Qui est présent ? Qui est absent ? Pourquoi ?

Deux présidents étrangers du Continent, plusieurs diplomates représentant des chefs d’Etat ou de gouvernements occidentaux et des milliers de sympathisants. Rapatrié ce jeudi 30 mai après un retard dû à des contraintes logistiques, la dépouille d’Etienne Tshisekedi, décédé depuis le 1er février 2017, est désormais exposée au Stade des Martyrs de Kinshasa. Ses obsèques sont marquées par plusieurs absences dont celles de poids lourds de l’opposition congolaise alors que l’on tergiverse sur la présence de Joseph Kabila, le prédécesseur de Félix Tshisekedi, le fils de l’illustre défunt dont il est désormais l’allié.
(Crédits : Présidence RDC)

Sous une serre de verre, le cercueil fermé d'Etienne Tshisekedi est exposé au Stade des Martyrs de Kinshasa, surplombé d'une imposante statue représentant une main faisant le signe du «V» de la victoire. C'est là que la dépouille du «Sphinx de Limete» sera exposée afin de permettre au peuple et aux invités de lui rendre un dernier hommage avant son inhumation ce samedi 1 juin au cimetière de la Nsele où un carré sera aménagé.

Kagame, Lourenço, les deux seuls chefs d'Etat présents

Des funérailles nationales qui ont enregistré la participation de plusieurs personnalités congolaises et même étrangères. Ce matin vers 10 heures (heure locale), Félix Tshisekedi, l'actuel chef de l'Etat et fils de l'opposant historique disparu le 1er février 2017, a reçu ses homologues Paul Kagame du Rwanda et João Lourenço d'Angola. Ces deux chefs d'Etat avec lesquels il s'est rapproché peu ou prou après son élection ne se sont pas seulement déplacés pour les obsèques. Une tripartite sur l'axe Kinshasa-Luanda-Kigali s'est tenue en marge de la cérémonie funéraire.

 Ces deux leaders sous-régionaux seront les deux seuls chefs d'Etat étrangers à être présents dans la tribune officielle du Stade des Martyrs après s'être recueillis devant le cercueil. Annoncé à Kinshasa, le Congolais Denis Sassou Nguesso n'a pas traversé le fleuve qui délimite la frontière avec son voisin de l'autre rive, sans qu'aucune raison officielle ne soit avancée. Le Zambien Edgar Lungu, Le Togolais Faure Gnassingbé (qui a affrété son jet pour le transport de la dépouille) et le Guinéen Alpha Condé n'ont pas aussi fait le déplacement. Ni le Français Emmanuel Macron, ni le Belge Charles Michel ne sont dans la tribune officielle.

Sans Joseph Kabila et sans les figures de l'opposition

A un niveau plus local, Joseph Kabila ne s'est pas déplacé pour les hommages à celui qui a combattu le régime de son Laurent Désiré Kabila, son père, et lui-même. On imagine mal la présence de Joseph Kabila aux côtés de Paul Kagame et Joao Lourenço, ses homologues de l'époque qui ne l'ont pas soutenu lors de la crise politique avant les élections de décembre 2018. La présence de Jeannine Mabunda Lioko, la présidente de l'Assemblée nationale dans laquelle l'ex-président conserve la majorité, fait office d'acte de représentation.

Dans le sillage de la non présence du président honoraire de la RDC, la plupart des opposants sont aux abonnés absents.Martin Fayulu, parfois considéré comme le «fils spirituel» du défunt, ne s'est pas déplacé. L'argument du défaut d'invitation n'explique pas tout. Lors de la procession qui a escorté le cercueil d'Etienne Tshisekedi dans les rues de la capitale, la présence de celui qui se réclame comme le «président légitime de la RDC» avait été jugée irrecevable par des militants de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, au pouvoir). Sa présence au stade aurait pu tourner au casse-tête sécuritaire pour les organisateurs.

Quelques jours après son retour d'exil, le départ précipité de Moïse Katumbi pour la Belgique exprime peut-être une volonté de brouiller les pistes. L'homme d'affaires qui dit s'inscrire dans une opposition républicaine n'a tout simplement pas reçu de carton d'invitation. Sans que la raison soit évoquée, Jean-Pierre Bemba sera aussi du nombre des absents. Le seul opposant que les Congolais ont pu apercevoir est Antipas Mbusa Nyamwisi. Sept ans après avoir été contraint de quitter la RDC, ce farouche opposant à Joseph Kabila dont il a été le ministre, est rentré à la faveur de l'évaporation se ennuis administratifs grâce au nouveau pouvoir.

Héros national à titre posthume

Toutes ces absences sont comblées par la ferveur populaire des militants de l'UDPS, le parti créé en 1982 par Etienne Tshisekedi et ses sympathisants. Des milliers de personnes remplissent les 80.0000 places du Stade des Martyrs, le plus grand de la capitale. Ce samedi 1er juin, Mgr Fridolin Ambongo, l'archevêque de Kinshasa devrait présider une messe solennelle dans le même stade

Dans la même journée Etienne Tshisekedi devrait être élevé à titre posthume, comme Patrice Emery Lumumba, le premier Premier ministre du Congo indépendant, Laurent-Désiré Kabila, le tombeur de Mobutu Sese Seko, au rang de «héros national». Autour de sa veuve, Maman Marthe, sa famille biologique et politique, et peut-être de quelques absents de la cérémonie d'hommage arrivés en fin d'après-midi, le corps de l'opposant historique sera inhumé dans le carré réservé à Nsele.

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