Algérie : Sans aucun candidat, la présidentielle du 4 juillet devrait être reportée

Au moment des formalités administratives, 77 potentiels candidats se sont manifestés au ministère de l’Intérieur. Et pourtant, ce 25 mai à minuit, à la clôture de la date limite de dépôt, le Conseil constitutionnel n’a reçu aucune déclaration de candidature à la présidentielle du 4 juillet soutenue par Ahmed Gaid Salah, rejetée par les manifestations de la rue algérienne. On s’achemine vers un report de cette échéance électorale destinée à trouver un successeur au président démissionnaire Abdelaziz Bouteflika, après la période intérimaire assurée par Abdelkader Bensalah.
Vendredi dernier, les Algériens étaient encore une fois dans les rues de la capitale, réclamant notamment le départ des «hommes de l'ancien régime»et l'annulation de la présidentielle du 4 juillet.
Vendredi dernier, les Algériens étaient encore une fois dans les rues de la capitale, réclamant notamment le départ des «hommes de l'ancien régime»et l'annulation de la présidentielle du 4 juillet. (Crédits : Reuters)

La situation est inédite dans les annales politiques du pays. La Constitution algérienne ne prévoit pas l'éventualité d'une élection sans candidat. C'est pourtant l'équation que doit résoudre le Conseil constitutionnel qui doit statuer dans les prochains jours. Ce 25 mai, à la clôture des dépôts de candidatures, personne ne s'est manifesté pour briguer la magistrature suprême dans le pays pour les cinq prochaines années.

Un risque de dépassement des délais constitutionnels de l'intérim

Pour le compte de partis politiques ou de personnalités peu connues de la scène politique, 77 personnes avaient retiré les formulaires constituant les dossiers de candidatures au ministère de l'Intérieur. Sous la pression de la rue qui a rejeté le scrutin prévu le 4 juillet via sa 14e manifestation consécutive ce vendredi 24 mai, aucune personnalité de poids, aucun parti politique de la coalition au pouvoir ou d'opposition ne s'est déclaré comme prétendant au fauteuil du Palais de la Mouradia. Les délais constitutionnels risquent d'être dépassés.

Depuis le 9 avril dernier, Abdelkader Bensalah assure l'intérim après la démission sous la pression de la rue et de l'armée d'Abdelaziz Bouteflika. L'ancien président du Conseil de la nation (équivalent du Sénat) devait assurer l'intérim pour une période de 90 jours avant la tenue d'un scrutin -auquel il ne peut participer- pour désigner un successeur à la fin de la période intérimaire. Mais le bras de fer entre le général Ahmed Gaid Salah et les manifestants risque d'influer sur le respect des délais constitutionnels.

Figure du pouvoir transitoire, le chef d'état-major de l'armée tablait sur une présidentielle à la date du 4 juillet. Même s'il répète ne pas avoir d'ambition politique, le vice-ministre de la Défense peine à convaincre. En face, tous les vendredis depuis le 22 février dernier, les manifestants réclament le démantèlement de tout le système et le départ de tous ceux qui y étaient liés. Cette exigence est selon la rue un gage de la transparence et de la crédibilité du scrutin.

Que va-t-il se passer pour la présidentielle ?

L'absence de candidats est un camouflet pour le général Salah qui voyait dans l'organisation de ce vote la fin des manifestations de la rue. Que va-t-il se passer maintenant que la présidentielle n'enregistre aucun candidat ? Les annonces des prochains jours en provenance du Conseil constitutionnel et de l'homme au képi vont être scrutées à la loupe. Au mieux, le Conseil constitutionnel devrait constater une liste des candidatures vides et renvoyer la «patate chaude» à la présidence par intérim.

Sans pouvoir de décider seul du report, de la reprogrammation de l'élection, Abdelkader Bensalah pourrait faire face à sa première situation de crise. En s'impliquant sur une question qui dépasse ses fonctions, Gaid Salah pourrait fournir une preuve supplémentaire de son ingérence décisionnelle dans la crise politique. Une crise qui pourrait s'enliser et conduire au blocage dans le pays.

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