Mali : un cabinet de large ouverture, à défaut d’un gouvernement d’union nationale

Au Mali, un accord politique a été signé ce jeudi 2 mai entre le nouveau Premier ministre, des partis politiques, ainsi que des groupes armés pour la formation du prochain gouvernement. Plusieurs partis, notamment de l’opposition, ont toutefois décliné l’invitation de Boubou Cissé qui, à défaut d’un gouvernement d’union nationale, va se contenter d’un cabinet de large ouverture. La principale mission du nouveau gouvernement sera de conduire un dialogue inclusif sur deux années afin de permettre au pays de faire face à ses défis sécuritaires, politiques et socioéconomiques.
Nommé le 22 avril dernier, le nouveau Premier ministre Boubou Cissé formera dans les prochaines heures un gouvernement de large ouverture, après le refus de l'opposition de signer l'accord politique de ce jeudi 2 mai.
Nommé le 22 avril dernier, le nouveau Premier ministre Boubou Cissé formera dans les prochaines heures un gouvernement de large ouverture, après le refus de l'opposition de signer l'accord politique de ce jeudi 2 mai. (Crédits : DR)

C'est finalement un gouvernement de «large ouverture» qui verra prochainement le jour au Mali, à la suite de l'accord politique signé ce jeudi 2 mai au siège de la primature. Malgré l'appel lancé par le président Ibrahim Boubacar Keita (IBK) et les consultations tous azimuts menées par le nouveau Premier ministre Boubou Cissé, plusieurs formations politiques ont opposé un appel de non-recevoir à la formation d'un gouvernement d'union nationale, qui était initialement prévue.

La veille de la signature de l'accord politique, l'URD du chef de l'opposition, Soumeila Cissé, avait déjà  exprimé «son refus de participer au gouvernement du Premier ministre Boubou Cissé». Le parti a réaffirmé par conséquent «son appartenance à l'opposition». Toutefois, au sein du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD), la coalition que dirige le candidat malheureux au second tour de la dernière présidentielle, certaines formations ont pris part à la signature de l'accord politique. C'est le cas du Parena de l'ancien chef de la diplomatie, Tiebilé Dramé qui était pourtant l'un des plus farouches adversaires du régime d'IBK dont il avait longtemps contesté la réélection.

C'est un peu le même scénario au niveau de l'autre branche de l'opposition, la Coalition des forces patriotiques (COFOP) qui part également en rang dispersé avec une partie des membres qui ont répondu favorablement à l'appel du président IBK et de son Premier ministre, alors que d'autres ont maintenu leur position au sein de l'opposition politique.

Ces désaccords sont également apparus, mais dans une moindre importance, au sein de la majorité présidentielle «Ensemble pour le Mali» (ESM) avec le refus de quelques formations sans grande envergure de signer l'accord politique.

Lire aussi : Mali : en mauvaise posture, IBK acculé à se séparer de son Premier ministre?

Accord politique pour un gouvernement de mission

Le président IBK et le Premier ministre Boubou Cissé vont se contenter d'un gouvernement de large ouverture, à défaut d'un consensus de toutes les forces politiques. La composition du prochain gouvernement est attendue dans les prochaines heures et en plus des partis politiques, des organisations de la société civile et des groupes armés signataires de l'Accord d'Alger, ont également paraphé l'accord politique.

Aussitôt le document signé par les parties prenantes, Boubou Cissé a pris la parole pour remercier les signataires de l'Accord, ainsi que l'opposition politique pour avoir participé au dialogue. Dans un discours qui s'est voulu rassembleur, Boubou Cissé a indiqué que cet accord «n'est pas pour un partage de gâteau» et surtout «qu'il n'est pas dirigé contre l'opposition». Le nouveau Premier ministre a indiqué que l'accord reste d'ailleurs ouvert. «Je suis un serviteur du Mali ; aidez-moi à le servir», a-t-il ajouté.

Selon un communiqué de la primature, l'accord politique signé ce jeudi 2 mai ouvre la voie à «la formation d'un gouvernement de mission». D'après les termes de l'accord, la mission du gouvernement portera principalement et entres autres sur «l'organisation, dans les meilleurs délais, d'un dialogue politique inclusif avec toutes les forces politiques et sociales significatives du Mali, la poursuite de la mise en œuvre de l'Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d'Alger dans le cadre d'une appropriation nationale du processus de paix, la conduite dans le consensus, des réformes politiques, institutionnelles, économiques et sociales indispensables à la stabilisation du pays et au progrès économique».

La feuille de route prévoit également comme chantiers pour le prochain gouvernement, la finalisation du processus de révision de la Constitution, la réforme électorale, l'organisation des élections législatives ainsi que la stabilisation de la situation sécuritaire qui ne cesse de se dégrader particulièrement dans le centre du pays où se multiplient les attaques terroristes et les conflits communautaires.

Le nouveau cabinet devra également veiller à poursuivre l'assainissement des finances publiques, la lutte contre la corruption et l'enrichissement illicite, ainsi que la «restauration effective de l'autorité de l'Etat avec notamment l'adoption de mesures fortes contre l'incivisme, la mise en œuvre de mesures urgentes pour sauver l'année scolaire 2019, les reformes politiques et institutionnelles, l'apaisement du front social par la refondation du cadre légal et réglementaire du monde du travail sans mettre en cause les droits acquis des travailleurs, le renforcement de la diplomatie malienne et la coopération internationale, la lutte contre les effets des changements climatiques».

Selon le contenu de l'accord politique, la mission du gouvernement de large ouverture est de deux ans, un défi de taille pour le nouveau Premier ministre. Nommé le 22 avril dernier par le président IBK, l'ancien ministre de l'Economie et des finances, Boubou Cissé, a remplacé Soumeylou Boubèye Maiga, qui a été forcé à la démission par une pression populaire portée par les organisations religieuses, l'opposition politique et les syndicats.

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