Sénégal : Macky Sall va-t-il vraiment gracier Khalifa Sall ?

Ce 4 avril, en marge de la Fête de l’Indépendance du Sénégal, Macky Sall a-t-il décidé de débuter son second mandat par un acte d’indulgence? En dépit des dénégations dans le camp de l’ex-maire de la capitale sénégalaise, le président sénégalais s’apprête à accorder la grâce à Khalifa Sall, selon le quotidien «L’Observateur». La publication intervient à la veille de l’investiture de Macky Sall pour son second mandat à la tête du pays. Et beaucoup semblent y voir un coup politique du camp présidentiel.
Ibrahima Bayo Jr.
(Crédits : DR)

«Si possible grâce accordée à Khalifa Sall il y a, je ne suis pas au courant». Joint au téléphone à Dakar par La Tribune Afrique, El Hadj Hamidou Kassé, le ministre chargé de la Communication du Palais, a coupé court. Dans l'entourage de Khalifa Sall, c'est la même incrédulité. «Nous apprenons l'information, ce matin comme tout le monde, dans les médias», commente un membre du pool de communication.

Khalifa Sall libéré en marge de la Fête de l'Indépendance?

L'information parue dans «L'Observateur» alimente la chronique politique et médiatique dans le pays. Citant des sources judiciaires, le plus grand quotidien privé du Sénégal annonce dans sa livraison du jour que Khalifa Sall et Mbaye Touré figurent sur une liste des personnes appelées à bénéficier de la grâce présidentielle. L'ex-édile de la capitale sénégalaise et son directeur administratif et financier à la Mairie de Dakar, seraient même «bientôt libres».

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D'autres sources complètent avec la date du 4 avril, le jour de la Fête de l'Indépendance du Sénégal pendant laquelle la tradition veut que le chef de l'Etat gracie certains détenus sur proposition du ministère de la Justice. Macky Sall a-t-il coché le nom de Khalifa Sall comme futur bénéficiaire de cette mesure exceptionnelle?

« Nous n'avons pas travaillé sur un dossier spécifique de grâce à Khalifa Sall», confie une source à la Direction des affaires criminelles et des grâces, relevant du ministère de la Justice.

Selon la procédure en vigueur, la Direction des grâces reçoit des listes de personnes proposées par les 37 établissements pénitentiaires que compte le pays. Elle prépare ensuite pour le ministère de la Justice, une liste provisoire à transmettre au président de la République. «Cette liste est proposée au Président de la République comme une aide dans sa décision d'utiliser son pouvoir discrétionnaire de grâce. Il lui appartient donc de choisir les personnes à gracier», détaille encore notre source.

Ingérence ou mansuétude?

Une autre question vient s'ajouter au flou: le nom de Khalifa Sall figure t-il dans cette liste transmise par le ministère de la Justice comme semblent l'affirmer nos confrères de L'Observateur? Non, répond Moussa Tine, un des plus fervents fidèles de l'ex-édile de Dakar. «Khalifa Sall ne demandera jamais une grâce à Macky Sall», avait déclaré la veille Moussa Tine, son conseiller politique lors d'une émission de grande écoute. Dans l'éventualité d'une grâce présidentielle, Khalifa Sall n'est pas en position de demandeur, semble donc dire Moussa Tine.

Incarcéré depuis le 7 mars 2017, puis condamné à 5 ans de prison dans l'affaire de la caisse d'avance municipale, Khalifa Sall coche les cases des critères pour bénéficier de la grâce présidentielle: moitié de la peine purgée, gages de resocialisation... Pour l'heure, la seule case manquante demeure le fait que l'ex-maire de la capitale sénégalaise n'a pas été définitivement condamné, un des critères pour être gracié.

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A Dakar, le débat porte plutôt sur l'opportunité d'une éventuelle grâce de Khalifa Sall. Si elle peut signer une libération anticipée de l'ancien maire de sa cellule de Rebeuss, la prison urbaine la plus peuplée du Sénégal, la couronne de lauriers pourrait bien coiffer le début du second mandat de Macky Sall. En effet, la concomitance de cette grâce supposée avec la cérémonie d'investiture du président sénégalais, prévue ce 2 avril à Diamniadio, interroge les observateurs.

Parmi la vingtaine de chefs d'Etat qui prendra place dans la tribune officielle, certains sont déjà arrivés. Macky Sall se voit ainsi offrir une tribune pour endosser les habits du clément qui signe le décret de mansuétude au bénéfice de Khalifa Sall. Au contraire, pour certains observateurs une grâce à l'ex-maire de Dakar serait un aveu d'ingérence du président dans les affaires judiciaires. Mieux, elle conforterait les partisans d'une instrumentalisation de la justice dans l'affaire Khalifa Sall.

Ibrahima Bayo Jr.

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