Au Burkina, certains le rangent parmi les «survivants de l'ancien régime» de Blaise Compaoré, chassé du pouvoir par une révolution de la rue. S'imaginant un avenir plus alléchant que son ancien mentor, Gilbert Noël Ouédraogo se voit en alternative à l'heure où les Burkinabè doivent décider en octobre 2020 s'ils prolongent ou pas le bail der Roch Marc-Christian Kaboré.
Candidat d'un parti allié au pouvoir de Blaise Compaoré
L'onction de l'Alliance pour la démocratie et la fédération - Rassemblement démocratique africain (ADF-RDA) obtenue, Gilbert Noël Ouédraogo s'est lancé en challenger du président sortant. Ce dimanche 31 mars, au terme d'un congrès de deux jours à Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du Burkina, cet ancien ministre de la Solidarité nationale (2000-2002) et des Transports (2006-2013) a été investi pour porter les couleurs de l'ADF-RDA, un parti allié du pouvoir de Blaise Compaoré.
« Etre candidat à l'élection présidentielle n'est pas une chose aisée surtout face aux défis majeurs auxquels fait face notre nation. Nous sommes aujourd'hui face à notre destin et nous devrons l'assumer », a-t-il déclaré à la tribune, peu après sa désignation comme président du parti et candidat à la présidentielle de 2020.
Dans un Burkina post-révolution, il est loin le temps où les ambitions de Gilbert Noël Ouédraogo sont contingentées par des dispositions légales.
En 2015, sa candidature avait été rejetée par le Conseil constitutionnel. Une clause votée après la révolution empêchait toute personne ayant soutenu le projet de modification de la constitution de Blaise Compaoré pour se maintenir au pouvoir. Un projet qui a déclenché les manifestations qui se sont soldé par son départ en exil en Côte d'Ivoire dont il a fini par acquérir la nationalité.
Gilbert Noël Ouédraogo, candidat de Blaise Compaoré?
« Le pouvoir actuel semble pourtant balbutier et demeure frileux et incapable devant la montée de l'incivisme, de l'insécurité, de la débâcle du système éducatif, de la fracture sociale et de la morosité économique», égrène Gilbert Noël Ouédraogo, à titre de critiques contre le pouvoir de Roch Marc Kaboré.
Encore faut-il convaincre d'être une alternative au pouvoir en place. Gilbert Noël Ouédraogo traîne une réputation politique controversée. Lorsque le congrès de l'ADF-RDA finit de lui donner son aval pour porter leur étendard, beaucoup lui rappellent qu'en tant que 4è vice-président de l'Assemblée nationale, il avait mené un intense lobbying pour un vote des députés de son parti en faveur de la modification de la constitution voulue par Blaise Compaoré.
A décharge, on devine qu'il réponde qu'on oublie Roch-Marc Kaboré, le sortant est lui-même issu du sérail politique de son prédécesseur. Seulement, le sortant avait l'avantage d'avoir senti le vent du changement arriver et s'était démarqué avant que la révolution ne sonne. Gilbert Noël Ouédraogo a-t-il péché par excès de zèle et de ...loyauté ? En tout cas, lorsque son visage apparaît sur la liste des prétendants au fauteuil du Palais de Kossyam, certains semblent y voir une candidature pilotée depuis Abidjan par Blaise Compaoré, pour un retour via cet ex-allié. A-t-il seulement cessé de l'être? C'est là toute la question.
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