Centrafrique : Firmin Ngrebada va élargir son gouvernement aux groupes armés

Un accord dans l’Accord. A Addis-Abeba, en Ethiopie, c’est finalement la formule retenue à l’issue de la réunion entre les groupes armés et le gouvernement centrafricain lors de leur conclave décisif de ce mercredi 20 mars. Au terme du conclave, Firmin Ngrebada reste en place à la primature mais il devra revoir sa copie avec la formation d’une nouvelle équipe gouvernementale plus large dans laquelle les groupes armés vont être plus représentés.
Ibrahima Bayo Jr.
Firmin Ngrebada, le Premier ministre vivement critiqué pour le manque d'inclusion de sa précédente équipe gouvernementale, reste en place à la primature.
Firmin Ngrebada, le Premier ministre vivement critiqué pour le manque d'inclusion de sa précédente équipe gouvernementale, reste en place à la primature. (Crédits : DR)

La réunion de ce mercredi 20 mars sur la taille du gouvernement aura été longue mais décisive. A son terme en fin de journée, le conclave a débouché sur une avancée concernant un des points de désaccord pour lesquels l'ONU et l'UA ont convié le gouvernement centrafricain et les 14 groupes armés à Addis-Abeba, en Ethiopie. Entamées depuis le 18 mars, les négociations étaient devenues un interminable ballet de consultations et de réunions pour tasser les différends.

«Accord pour un gouvernement inclusif en Centrafrique»

Finalement, c'est à un compromis pouvant être résumé comme «un accord dans l'Accord» que les participants se sont résolu à mettre en oeuvre. «Au terme de ces soixante-douze heures de consultations, un consensus a été trouvé notamment sur le renforcement du caractère inclusif du Gouvernement», indique un communiqué final conjoint signé par 13 des 14 groupes armés et le Gouvernement de Faustin Archange Touadera.

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« Je suis heureux d'annoncer qu'aujourd'hui au siège de l'Union africaine, les parties centrafricaines sont parvenues à un accord pour un gouvernement inclusif en Centrafrique». L'enthousiasme dans l'annonce de Smaïl Chergui, commissaire de l'UA pour le Conseil pour la Paix et la sécurité, tranche avec l'état d'esprit avant le conclave de ce mercredi 20 mars.

En s'asseyant à la table des négociations, 11 des 14 groupes venaient de signer un communiqué commun réclamant le limogeage du Premier ministre Firmin Ngrebada, la nomination de son successeur et l'ouverture de négociations directes avec Faustin Archange Touadera. Ces groupes dénonçaient un manque d'inclusion du gouvernement formé début mars le Premier ministre.

Il aura fallu plusieurs tours d'horloges, des concessions et même des sermons de paix de Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l'UA et président de la séance du jour, pour renverser la tendance. A l'issue de ces tractations, Firmin Ngrebada, le Premier ministre vivement critiqué pour le manque d'inclusion de sa précédente équipe gouvernementale, reste en place à la primature.

Un conseil de suivi et une longue marche vers la paix

Dans le prolongement de cette concession des groupes armés -qui contrôlent 80% du territoire-, le Premier ministre devra revoir sa copie. Sa précédente liste de 36 ministres devrait donc s'élargir avec l'entrée de personnalités issues des groupes armés qui réclamaient des postes régaliens.

 «Je repars avec l'engament ferme, sous l'autorité du président de la République, de mettre rapidement en œuvre tout ce que nous avons arrêté ici. (...) Plus que jamais, nous avons la responsabilité de mettre rapidement en œuvre l'accord politique de paix et de réconciliation que nous avons signé le 6 février dernier», a déclaré le Premier ministre à sa sortie de la réunion.

Toute la question est maintenant de savoir si ce compromis de décrispation des acteurs permettra d'avancer sur d'autres points, moins polémiques mais tout aussi importants. Sur le terrain, Smail Chergui rappelle que les barrages routiers sont petit à petit levés. Cela pourrait laisser présager d'un début de dépôt des armes et l'organisation de patrouilles pour assurer la sécurité des civils. Pour l'heure, ces questions seront tranchées au sein d'un Conseil de suivi de l'Accord de Khartoum à mettre en place à Bangui. C'est reparti pour de nouvelles négociations pour la longue marche vers la paix en Centrafrique.

Ibrahima Bayo Jr.

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