Guinée-Bissau : cet accord qui garantit la majorité à Domingos Pereira

L’intronisation de Domingos Simões Pereira comme nouveau Premier ministre devrait se faire dans la semaine. Le Parti africain de l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), la formation politique dont il est le président, a finalement arraché la majorité à l’Assemblée nationale populaire, à la faveur d’un accord avec trois partis politiques. Une nouvelle coalition avec laquelle le parti historique qui règne sur la politique depuis l’indépendance de la Guinée-Bissau en 1975, va former un nouveau gouvernement.
Ibrahima Bayo Jr.
(Crédits : DR)

Tout de suite après la signature de l'accord les nouveaux alliés ont présenté leur nouvelle majorité aux représentants de la communauté internationale. Une manière de chercher une constatation extérieure car sur le plan intérieur, l'aval est déjà venu de la Commission nationale des élections (CNE) qui a validé les résultats provisoires des législatives du 10 mars et rejeté toute velléité de contestation.

Domingos Simões Pereira, à nouveau Premier ministre de José Mario Vaz

Pourtant avec les résultats provisoires des législatives du 10 mars dernier, même si le PAIGC remporte le scrutin en raflant 47 sièges de députés, aucun parti n'avait pu obtenir seul, la majorité requise sur les 102 députés de l'Assemblée nationale populaire dans ce régime parlementaire. Une anomalie vite corrigée par l'ancien parti unique avec cet accord signé avec trois autres partis, lui assurant de fait 7 sièges de plus et une coalition pour former le prochain gouvernement.

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Dans le détail, Nuno Gomes Nabiam, le faiseur de roi, a finalement versé ses 5 sièges obtenus au nom du parti de l'Assemblée du Peuple uni-Parti démocratique de Guinée-Bissau (APU-PDGB), pour renforcer le nombre de sièges du PAIGC de Domingos Simões Pereira. A leur tour, l'Union pour le Changement (UM) et le Parti de la nouvelle Démocratie (PND), un siège chacun, ont signé l'accord de coalition visant à l'approbation des propositions de lois, du budget et du Programme du futur gouvernement.

Sous réserve de la publication des résultats définitifs par la Cour constitutionnelle, le prochain gouvernement devrait être formé et dirigé par Domingos Simões Pereira qui pourrait être investi dès cette semaine. A 55 ans, cet ingénieur formé en Ukraine, aux Etats-Unis et au Portugal, prêtera serment une seconde fois en moins de quatre ans. Un pied de nez à son désormais rival politique José Mario Vaz, le président qui l'avait limogé en 2015, sur fonds de désaccord au sein du même parti.

Le défi d'un gouvernement ouvert à l'opposition

Avec l'onction des résultats des législatives, Domingos Simões Pereira signe sa revanche sur José Mario Vaz, obligé de se fendre d'une lettre de félicitations au PAIGC pour sa victoire, laissant entendre dans la foulée qu'il est «prêt à travailler avec toutes les forces vives de la nation». Désormais, le président sera obligé de composer avec le Premier ministre dont il ne voulait pas pour mettre un terme à la crise née de la dissension entre les deux hommes et qui secoue le pays depuis 2015. Le défi semble être celui d'un gouvernement inclusif.

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« Le peuple n'a donné la majorité absolue à aucun parti politique. C'est-à-dire qu'il invite tous les partis à s'asseoir autour d'une table pour un dialogue inclusif visant à stabiliser le pays. Par conséquent, sans MADEM-G15, sans PRS et sans APU-PDGB, aucune réforme majeure n'est possible », plaide lors d'un point de presse, Braima Camara, le chef du Madem-15, un groupe de dissidents du PAIGC, devenu la première force politique d'opposition avec 27 sièges, devant le Parti de la Rénovation sociale (PRS, 21 sièges).

Tous les espoirs se tournent désormais vers cet appel du pied d'une opposition qui ne semble pas disposée à contester les résultats, le scénario le plus redouté par la CEDEAO et l'ONU. Au sein des deux institutions, l'on espère que le futur gouvernement de Domingos Simões Pereira sera ouvert aux autres formations pour lui permettre de déployer sereinement sa politique et faire oublier définitivement la longue crise qui a paralysé le pays.

Ibrahima Bayo Jr.

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