Victoire sans majorité du PAIGC : en Guinée Bissau, un risque de nouvelle crise

A cinq sièges de la majorité au Parlement! Sans majorité, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) confirme sa domination sur la vie politique en Guinée-Bissau. Avec 47 des 102 sièges de l’Assemblée nationale populaire, il remporte les législatives du 10 mars, selon les résultats provisoires proclamés par la Commission nationale des élections (CNE). Domingos Simões Pereira, le président du parti vainqueur selon ces résultats, peut devenir le nouveau Premier ministre de José Mário Vaz, le président de la République, à condition qu’il joue des coudes pour que son alliance avec des petits partis ne se fissure pas.
Ibrahima Bayo Jr.
(Crédits : Reuters)

Sa destitution avait déclenché une crise au sommet de l'Etat en août 2015. Trois ans plus tard, Domingos Simões Pereira pourrait emprunter les escaliers pour occuper à nouveau les bureaux de la Primature d'où il avait été brutalement éjecté sur fond de «guerre des chefs» entre lui et José Mário Vaz au sein du même parti. Une longue crise et des élections arrachées au prix de sempiternelles négociations plus tard, les Guinéens se voient dans une configuration qui rappelle étrangement le scénario d'avant la crise.

Pas de majorité claire pour le PAIGC, ni pour ses concurrents

Quarante-huit heures après le scrutin du 10 mars, les résultats provisoires proclamés par Pedro Sambù, le président de la Commission nationale des élections (CNE), confortent le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC). Selon ces résultats, l'ancien parti unique qui a dominé la vie politique dans le pays, rafle 47 sièges. C'est 5 sièges de moins que la majorité sur les 102 sièges de l'Assemblée nationale populaire dans le régime parlementaire de ce pays d'Afrique de l'Ouest.

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Constitué par des frondeurs du PAIGC pendant la crise, le Madem G-15 dispose de 27 sièges, ce qui en fait de fait la deuxième force politique du pays et la première de l'opposition. Il est talonné de près par le Parti de la rénovation sociale (PRS), qui s'adjuge la troisième place avec 21 députés. Avec l'alliance déjà scellée entre les deux partis, leur groupe parlementaire ne serait que de 48 députés. Insuffisant pour dégager une majorité pour éclaircir le jeu politique du pays.

Pour l'heure, aucun des deux bords politiques ne détient encore une majorité claire qui lui est propre. Mais les tractations vont bon train pour courtiser le Parti démocratique de Guinée-Bissau (APU-PDGB). Mais l'on ne sait pas encore si les 5 sièges de ce parti sera dépose dans le panier de l'opposition ou du pouvoir dont le candidat, José Mário Vaz avait battu le leader Nuno Gomes Nabiam lors de la présidentielle.

Retour à la case départ

En tout cas, le PAIGC part avec un avantage certain. Pour parer aux surprises, il compte capitaliser sur son pacte avec d'autres petits partis dont le score total devrait lui permettre d'ajouter 7 sièges à son score. Domingos Simões Pereira se verrait donc propulser sur le siège de Premier ministre si les résultats venaient à être validés par la Cour constitutionnelle du pays, seule habilitée à donner des résultats définitifs.

En attendant, le spectre d'une reprise des hostilités politiques entre Domingos Simões Pereira et José Mário Vaz n'est pas éloigné. Sur fonds de désaccords entre les deux hommes appartenant pourtant au même parti, le second a limogé, sans tact, le premier. Les dégâts de l'instabilité politique qui s'en est suivi n'ont été limités que grâce à la bienveillance politique et financière de la Cedeao et de l'ONU qui ont poussé vers ces législatives. Pourtant au moment où les urnes devaient éclaircir la carte politique, un flou enveloppe ces résultats. Plus forte est encore l'impression pour les Guinéens de revenir inlassablement à la case départ.

Ibrahima Bayo Jr.

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