Provinciales en RDC : après l’Assemblée, Joseph Kabila va aussi contrôler le Sénat

C’est une véritable parade électorale pour le Front commun pour le Congo (FCC), la coalition dont Joseph Kabila est l’«autorité morale». A l’issue de l’élection des bureaux des exécutifs provinciaux, la plateforme électorale du président sortant a livré une véritable démonstration de force en raflant 20 des 24 provinces du pays s’offrant même le luxe de damer le pion à ses ex-opposants. Après avoir remporté la majorité à l’Assemblée nationale ce qui lui assure la Primature, le FCC va aussi contrôler le Sénat. Félix Tshisekedi, le nouveau président congolais, qui a conclu un accord de coalition avec le camp de Joseph Kabila, est contraint de manœuvrer avec l’aval de ce dernier.
Ibrahima Bayo Jr.
(Crédits : Reuters)

Plus rien ne pourra plus se décider au Congo sans le Front pour le Congo (FCC). En raflant la majorité à l'Assemblée nationale à l'issue des élections générales du 30 décembre 2018, la plateforme portée par Joseph Kabila avait contraint le camp de Félix Tshisekedi à choisir une coalition avec le camp sortant plutôt que la cohabitation. Conséquence, le poste de Premier ministre et plusieurs postes régaliens devraient lui échoir lors de la formation du nouveau gouvernement.

Razzia électorale du FCC jusque dans les fiefs de ses anciens opposants

Depuis ce 11 mars, le FCC vient d'ajouter à cette performance politique rondement menée, un gage d'influence sur la vie politique du plus grand pays d'Afrique subsaharienne. A l'issue de l'installation des bureaux des Assemblées provinciales, la coalition sortante rafle 20 des 24 provinces du pays. Et cette nouvelle victoire, reflet de sa victoire aux législatives et provinciales couplées à la dernière présidentielle, ne manque pas de sel.

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Dans l'ensemble, la coalition Lamuka de l'opposant Martin Fayulu n'a pu remporter la présidence provinciale que dans les provinces du Kasaï central, du Congo central et de Mongala. L'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, au pouvoir) ne remporte que la province du Kasaï-Oriental, enjoignant son candidat Peter Kazadi de se désister pour la province de Kinshasa au profit du candidat du FCC, au nom de la nouvelle coalition de gouvernance entre les deux plateformes.

La razzia du FCC est telle qu'elle remporte dans les provinces réputées être les fiefs régionaux des opposants au pouvoir sortant. C'est ainsi que la plateforme de Joseph Kabila a raflé les présidences des Assemblées provinciales de l'Équateur, fief de Jean-Pierre Bemba, le Kwilu, la base de Martin Fayulu, le Haut-Katanga, la province dont Moïse Katumbi fut le gouverneur et même au Kasaï, terre de l'actuel président Félix Tshisekedi.

Fin stratège, Joseph Kabila part pour mieux revenir

Après sa majorité écrasante à l'Assemblée nationale, ce nouveau coup de force électoral conforte le FCC dans son cap vers la prise de contrôle du Sénat et des Gouvernorats dont les membres sont choisis par les députés provinciaux. La plateforme de Joseph Kabila contrôlerait alors les deux chambres du parlement et pèserait de tout son poids dans les décisions de son nouvel allié.

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La stratégie d'encerclement est bien en marche pour conduire à la phagocytose du nouveau pouvoir en place qui voit sa marge de manœuvre réduite à un rôle quasi-représentatif. Pour ne pas perdre du temps au cours d'un premier mandat dont il ne sait pas s'il sera renouvelé à son terme, Félix Tshisekedi s'en est bien sorti en pactisant avec le pouvoir sortant qui détient les clés politiques du pays.

Par la même occasion Joseph Kabila confirme ses qualités de fin stratège dans un jeu politique congolais dont il maîtrise tous les rouages, les faux-semblants et le positionnement des différents protagonistes. Trop occupée à une alternance politique à la tête de l'Etat, l'opposition congolaise en a oublié qu'il fallait aussi assurer une majorité confortable pour pouvoir gouverner à l'aise.

Profitant de leur impéritie dans ce jeu d'échecs, Joseph Kabila réalise un éclatant coup politique. Très méthodique, sa stratégie fait de lui une sorte de président sans les contraintes qui y sont attachées. Une façon de partir pour mieux rester.

Ibrahima Bayo Jr.

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