Cameroun : libération rejetée, Maurice Kamto reste détenu à Kondengui

Aux récriminations de l’Union européenne (UE) et des Etats-Unis, les autorités camerounaises ont opposé la non-ingérence dans leurs affaires internes ou l’indépendance de la justice. Cette petite divergence diplomatique fait suite au rejet par le Tribunal de grande instance de Mfoundi à Yaoundé, de la demande de libération provisoire de Maurice Kamto. Le principal opposant à Paul Biya reste donc incarcéré à la Prison centrale de Kondengui.
A l'ouverture de l'audience la défense de Maurice Kamto a fait valoir le caractère illégal de sa détention biaisée, selon elle, par une absence de mandat lors de son arrestation, le 28 janvier dernier.
A l'ouverture de l'audience la défense de Maurice Kamto a fait valoir le caractère illégal de sa détention biaisée, selon elle, par une absence de mandat lors de son arrestation, le 28 janvier dernier. (Crédits : Reuters)

Sa défense a d'ores et déjà fait savoir qu'elle ferait appel de la décision. En attendant cette nouvelle procédure, la détention de Maurice Kamto à la Prison centrale de Kondengui devrait se prolonger, sans que l'on ne sache la durée de cette détention. Ce jeudi 7 mars, le Tribunal de première instance de Mfoundi, a rejeté la demande de libération provisoire de l'opposant principal à Paul Biya, jugeant sa requête irrecevable.

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Liberté provisoire rejetée

«La demande de libération immédiate de M. Kamto et de six autres leaders a été rejetée par le juge. Le juge n'a pas motivé le rejet», a confié Me Emmanuel Simh à nos confrères de l'AFP. A l'ouverture de l'audience à laquelle Maurice Kamto est arrivé sous bonne escorte, sa défense a fait valoir le caractère illégal de sa détention biaisée, selon elle, par une absence de mandat, le 28 janvier dernier, le jour de son arrestation à la résidence doualaise d'Albert Dzongang, un de ses proches.

Un argument rejeté par le juge Georges Théophile Timba qui estime la procédure révère la légalité. Il a donc rejeté la demande de liberté de Maurice Kamto, interpellé à la suite de la marche blanche du 26 janvier 2018 avec plus de 150 de ses sympathisants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC). Leur cas s'est soldé par l'ouverture d'une procédure devant le Tribunal militaire de Yaoundé où ils doivent répondre d'une longue liste de chefs d'inculpation comprenant l'«insurrection», l'«hostilité contre la patrie» ou encore l'organisation ou la participation à des «manifestations non autorisées».

Vers la libération de Maurice Kamto sous la pression à l'international?

Sur un plan plus politique, le MRC dénonce l'arrestation et la détention de Maurice Kamto à la Prison centrale de Kondengui, dans des «conditions inhumaines», comme le résultat d'une persécution politique de celui qui conteste toujours la victoire de Paul Biya à la présidentielle du 7 octobre dernier. Arrivé deuxième à cette échéance, il avait choisi la contestation de la rue après le rejet de ses requêtes légales devant la justice.

Sur un plan plus diplomatique, Federica Mogherini, pour le compte de l'Union européenne (UA), Tibor Nagy, au nom du Secrétariat d'Etat américain, ont unanimement condamné la détention de Maurice Kamto. La première parle de «procédures disproportionnées» à l'encontre de l'opposant numéro un qu'«il serait très sage de libérer», selon Tibor Nagy.

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Tout en dénonçant une « grave velléité d'immixtion» dans ses affaires internes, le gouvernement camerounais fait savoir que Maurice Kamto et ses coaccusés «répondent actuellement de leurs actes devant la justice, seule habilitée à confirmer ou non les charges retenues contre eux». Si le combat en interne semble être perdu pour l'ancien ministre de la Justice de Paul Biya, une campagne de pression à l'international semble être en cours pour tenter d'obtenir sa libération.

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