Les contours de cette «coalition» n'ont pas encore été clairement définis. Mais son acte de naissance a été délivré lorsque ce mercredi 6 mars, Néhémie Mwilanya Wilondja, coordonnateur du Front commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila et Jean-Marc Kabund, président intérimaire de l'UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social) de Félix Tshisekedi, au nom du Cap pour le changement (Cach, au pouvoir), ont signé ce communiqué commun pour «faciliter la mise en place rapide d'un gouvernement de plein exercice».
«Coalition gouvernementale» entre CACH et FCC
Près de deux mois après son élection à la présidentielle du 30 décembre 2018, Félix Tshisekedi n'a toujours pas formé d'équipe gouvernementale. Avec une cinquantaine de députés élus sous la bannière de sa coalition, le président congolais était contraint de choisir son Premier ministre au sein de la plateforme qui dispose de la majorité parlementaire. Cette majorité était depuis revendiquée par le FCC dont Joseph Kabila est l'«autorité morale» avec plus de 300 députés sur les 485 que compte l'Assemblée nationale.
La coalition au pouvoir avait alors entamé des pourparlers avec le camp de Joseph Kabila. Hachurées par moment en raison de désaccords sur la claire identification de cette majorité, ces discussions ont été reprises ce lundi pour aboutir à ce communiqué commun. «Après des échanges et débats fructueux qui se sont déroulés du 4 au 6 mars 2019, il se dégage que le Front commun pour le Congo détient, de manière documentée, la majorité absolue à l'Assemblée nationale», confirme le communiqué commun des deux parties.
En conséquence, justifiée au nom de «l'intérêt supérieur de la Nation», des «acquis de l'historique passation pacifique du pouvoir» ou encore de la «bonne gouvernance», la décision des nouveaux alliés indique que «les deux plateformes politiques affirment, par ailleurs, leur volonté commune de gouverner ensemble dans le cadre d'une coalition gouvernementale», rapporte encore le communiqué.
Perdre le chapeau et garder la tête
Finalement, au terme de plusieurs semaines de tergiversations, le rapport de force entre les deux parties a tourné à l'avantage du FCC. Battu à la présidentielle du 30 décembre dernier, la coalition de partis autour de Joseph Kabila a, semble-t-il, anticipé sa défaite en capitalisant sur une rafle des sièges au parlement. Fort de sa majorité parlementaire, le FCC avait réclamé la désignation du Premier ministre et de plusieurs postes régaliens au sein de sa famille politique.
Après une brève tentative de résistance, le camp de Félix Tshisekedi a finalement choisi de faire de la realpolitik pour ne pas démarrer sa présidence sur une crise institutionnelle qui pourrait lui faire perdre beaucoup de temps. A la fin du conclave entre le FCC et le CACH, Joseph Kabila va désigner un «formateur du gouvernement» que Félix Tshisekedi devra ensuite «nommer diligemment».
Au-delà du jeu de mots, ce communiqué consacre le succès d'une «sommation» du camp de Joseph Kabila qui conserve une puissance politique, financière et d'importants relais dans l'appareil sécuritaire, sur le camp de Félix Tshisekedi. De là à prophétiser l'idée d'un «président-marionnette» manipulé par un «président de l'ombre», il n'y a qu'un pas. Confidence aux médias d'un proche de Joseph Kabila faisant valoir que le vrai pouvoir de gouvernance est concentré entre les mains du parlement : «Nous avons perdu le chapeau, mais nous gardons la tête».
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