Après les capitales occidentales (Washington, Berlin, Londres, etc.) qui ont demandé à Pretoria d'intensifier la lutte contre la corruption, c'est au tour des Banques du pays de mettre pression. Celles-ci veulent pouvoir s'assurer des priorités du chef de l'Etat, Cyril Ramaphosa à quelques mois des élections générales prévues pour début mai prochain.
Dans une note rendue publique ce vendredi, l'Association des banquiers sud-africains a demandé le Président sud-africain de privilégier les intérêts du pays à ceux de l'African National Congress (ANC, le parti au pouvoir).
« Les intérêts du pays doivent occuper la priorité dans le programme du chef d'Etat et non pas ceux de l'ANC, en particulier en cette période précédant les élections générales », a déclaré le groupe de pression cité par la presse locale.
L'organisation a ajouté que la priorité absolue « en ce moment » doit être accordée aux moyens de renforcer la confiance des investisseurs.
Contexte critique
Cet appel lancé par les Banques à Ramaphosa paraît légitime eu égard à la situation que traverse le pays. L'Afrique du Sud n'a pas su se relever économiquement depuis la crise de 2008. Son économie oscille souvent entre une trop faible croissance et une récession. Le pays compte 9,3 millions de chercheurs d'emploi correspondant à un taux de chômage en constante augmentation de 27%. Cette semaine, la Cosatu, pourtant alliée historique de l'ANC a dû se résoudre à lancer une grève générale ponctuée par des défilés pour protester contre les licenciements et le chômage et demander à l'Etat d'investir dans la création d'emploi.
Situation pire encore, depuis une semaine, le pays est fréquemment plongé dans le noir. La compagnie publique de l'électricité, Eskom sous le poids d'une colossale dette de 27 milliards d'euros, est contrainte à pratiquer des délestages massifs affectant plus encore l'économie du pays.
Alors que l'on craint que cette situation n'ait des impacts sur l'issue des élections générales, Ramaphosa subit également des pressions au sein de son parti politique. Ainsi cette demande des Banquiers pourrait être interprétée comme un rappel à l'ordre au président qui a promis mobiliser sur les cinq prochaines années 100 milliards de dollars d'investissements.
Pour leur part, les Banques demandent au gouvernement de trouver des solutions urgentes et durables aux coupures du courant. Aussi insistent-elles sur une restructuration de la Compagnie nationale d'électricité et autres entreprises publiques, sans laquelle, elles ne pourront pas les financer.
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