Report de la présidentielle au Sénégal : la nouvelle bataille d’Abdoulaye Wade

Après une bataille judiciaire perdue pour Karim, son fils écarté de la présidentielle du 24 février, l’ancien président Abdoulaye Wade a actionné les leviers de la bataille médiatique et populaire. Avant son retour au Sénégal prévu ce jeudi 7 février, l’ancien président du Sénégal a lâché une bombe médiatique contre le pouvoir de Macky Sall. Dans une déclaration vidéo tournée depuis Versailles, «Gorgui» appelle les Sénégalais à s’opposer à la tenue du scrutin qui, selon lui, doit être reporté.
Ibrahima Bayo Jr.
(Crédits : DR)

A 92 ans, «Gorgui» (le Vieux en wolof) a troqué sa robe d'avocat à la retraite pour un boubou bleu et chéchia blanche assortie à son écharpe. Dans une vidéo de moins de quinze minutes Abdoulaye Wade, l'ancien président sénégalais (2000-2012) n'a pas manqué de donner un réquisitoire contre son successeur, le président sortant Macky Sall dans la perspective du scrutin présidentiel pour lequel il est candidat à sa propre succession.

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 24 février, une «élection verrouillée» par Macky Sall

«L'élection programmée par M. Macky Sall est déjà verrouillée depuis l'élimination des deux candidats qui pouvaient lui faire ombrage, à savoir, Karim Wade et Khalifa», conclut l'ancien président sénégalais, sur la foi, assure-t-il, de personnes de l'entourage de Macky Sall, que ce dernier «a déjà choisi d'être élu à 55% ou à 60%, et dès le premier tour».

L'accusation n'est pas nouvelle. Karim Wade -fils d'Abdoulaye Wade- a été condamné à une peine de six ans de prison pour «enrichissement illicite». De son côté, Khalifa Sall a été révoqué de sa charge de maire de Dakar pour sa condamnation dans l'affaire de la caisse d'avance municipale. Les deux opposants ont été tous les deux écartés de la course à la présidentielle du 24 février,

Une élimination qui a longtemps alimenté un débat sur une instrumentalisation de la justice sénégalaise par le pouvoir de Macky Sall à des fins d'élimination de «candidatures sérieuses qui auraient pu assurer, l'alternance c'est-à-dire le battre» à l'élection présidentielle, comme le rappelle Abdoulaye Wade dans sa déclaration faite depuis Versailles. Au cours de celle-ci, l'ancien président a adressé de sévères critiques des sept années de pouvoir de Macky Sall décrit comme un régime «d'une gloutonnerie financière sans précédent dans l'histoire du Sénégal».

Bombe médiatique pour lancer la nouvelle bataille d'Abdoulaye Wade

 Après l'élimination de son fils de la course à la présidentielle, Abdoulaye Wade a lâché une véritable bombe médiatique pour lancer sa nouvelle bataille. Alors que la campagne électorale bat son plein depuis trois jours, il planche pour un report du scrutin quitte à exercer... une certaine pression de la rue. L'ancien président sénégalais attendu à Dakar pour un retour le jeudi 7 février, envisage d'organiser un «programme d'actions», des marches de protestation pour empêcher la tenue du scrutin.

« Je précise que son objectif, c'est de faire en sorte qu'il n'y ait pas de scrutin fondé sur de tels principes de violation des règles les plus élémentaires de la démocratie. Je précise que notre action sera pacifique, mais qu'il soit bien entendu que nous exercerons pleinement nos droits sans aucune concession», précise encore Abdoulaye Wade.

C'est donc un report de la présidentielle que réclame Abdoulaye Wade. En réalité, il s'agit d'un dilatoire destiné à trouver une échappatoire à son fils pour le remettre dans les starting-blocks de la course à la présidentielle. A l'évidence, c'est une revendication sans issue. La campagne électorale bien engagée a déjà poussé les cinq candidats à déployer des moyens financiers conséquents pour la mobilisation.

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Outre le fait que les citoyens sont déjà dans la perspective d'aller aux urnes, un report de l'élection pourrait raviver la tension d'une élection déjà entamée entre le pouvoir et l'opposition avec des échanges verbaux acerbes. A l'heure du jeu des alliances, c'est plutôt vers quel candidat le soutien d'Abdoulaye Wade va aller que la question se tourne. Visiblement, ce ne sera pas Madické Niang  dont le Vieux se méfie, ni Macky Sall, son tombeur avec qui il est à couteaux tirés. Le choix se réduit à trois candidats. Reste à savoir si le Vieux est prêt à faire un choix autre que son fils.

Ibrahima Bayo Jr.

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