Exercice du pouvoir au Gabon  : l'Union africaine dépêche une délégation à Libreville

L'Union africaine a annoncé ce week-end qu'elle enverra au Gabon une mission d'information et d'écoute. Dans un communiqué rendu public, l'organisation panafricaine qui a exprimé ses préoccupations par rapport aux développements en rapport avec l'état de santé du chef de l'État gabonais, Ali Bongo Ondimba, a appelé les acteurs politiques gabonais à préserver la paix et la stabilité du pays.
Le président gabonais, Ali Ondimba Bongo, est «en phase de recouvrement de la plénitude de ses facultés physiques» depuis son hospitalisation le 24 octobre dernier à L'hôpital du roi Fasail de Riyad, en Arabie saoudite.
Le président gabonais, Ali Ondimba Bongo, est «en phase de recouvrement de la plénitude de ses facultés physiques» depuis son hospitalisation le 24 octobre dernier à L'hôpital du roi Fasail de Riyad, en Arabie saoudite. (Crédits : Reuters)

La situation au Gabon suite à l'hospitalisation du président Ali Bongo Ondimba inquiète déjà l'Union africaine. Le président de la commission de l'organisation, Moussa Faki Mahamat, a rendu public un bref communiqué ce weekend dans lequel il indique qu'il «dépêchera dans les meilleurs délais une mission d'information et d'écoute à Libreville». Cette démarche est utile parce que le responsable se dit «préoccupé par certains développements en rapport avec la situation sanitaire du chef de l'État [gabonais]». Mahamat a ensuite appelé «l'ensemble des acteurs politiques et institutions du pays à conjuguer, en toute responsabilité, leurs efforts en vue de préserver l'unité, la paix et la stabilité du pays frère qu'est le Gabon».

Le président Ali Bongo Ondimba en raison de «malaises et vertiges persistants», selon le gouvernement gabonais, est hospitalisé depuis le 24 octobre dernier en Arabie saoudite. «Moussa Faki Mahamat, en concertation avec le président de l'UA, son excellence, le président Paul Kagame, exprime ses sincères souhaits de prompt rétablissement au chef de l'État gabonais», rapporte à ce propos le communiqué de l'organisation panafricaine.

Situation tendue

Après la diffusion du communiqué sur l'état de santé du président gabonais par le gouvernement, les juges de la Cour constitutionnelle allaient se réunir mercredi dernier pour modifier la Constitution afin de faire face à «l'indisponibilité temporaire» du président Bongo, avait annoncé Marie-Madeleine Mborantsuo, présidente de la Cour. Selon elle, les textes ne prévoyaient pas le cas d'empêchement temporaire du chef de l'Etat. Ainsi, saisie par le Premier ministre Emmanuel Issoze Ngondet, la Cour a jugé bon d'ajouter un alinéa : «En cas d'indisponibilité temporaire du président [...] certaines fonctions [...] peuvent être exercées, selon le cas, soit par le vice-président de la République, soit par le Premier ministre, sur autorisation spéciale de la Cour constitutionnelle». Ainsi, la Cour a d'abord autorisé le vice-président, Pierre-Claver Maganga Moussavou, «à convoquer et à présider un Conseil des ministres qui portera exclusivement sur l'ordre du jour joint à la requête du Premier ministre».

Cette démarche de la Cour constitutionnelle est «inacceptable» pour l'opposition gabonaise. «Pour modifier la Constitution, il faut un référendum ou que le Parlement se réunisse en congrès. La Constitution ne convient pas, alors ils la changent à leur guise. C'est un coup d'État», a déclaré Jean- Gaspard Ntoutoume Ayi de l'Union Nationale. Quant à Paul-Marie Gondjout du même parti politique, il estime que  la Cour constitutionnelle «n'a nullement le droit de modifier la Constitution» et «ouvre de fait un nouveau front dans la profonde crise politique gabonaise».

Un avis partagé par le sénateur Jean-Christophe Owono Nguema qui a déclaré que «[Mborantsuo] ne peut piétiner ainsi notre Constitution et brader la souveraineté du peuple gabonais, je crains le pire pour mon pays». Marc Ona, un des principaux acteurs de la société civile gabonaise, quant à lui, est allé plus loin. «Mborantsuo n'est plus dans la logique institutionnelle, mais dans une logique de confiscation du pouvoir coûte que coûte», a-t-il dit.

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