Elections en RDC : le gouvernement rassure, l’ONU s’alarme et les Etats-Unis mettent en garde

A presque une semaine du début de la campagne électorale pour la très attendue élection présidentielle du 23 décembre prochain, les inquiétudes sur le processus électoral en RDC ne cessent de s’amplifier. En dépit des assurances des autorités congolaises, la question qui était à l’ordre du jour de la session, en cours, du Conseil de sécurité a soulevé diverses interprétations ainsi que des mises en garde de la communauté internationale.
Pour la représentante spéciale du secrétaire général de l'ONU en République démocratique du Congo et chef de la MONUSCO, Leila Zerrougui, davantage de progrès doivent être réalisés pour garantir la crédibilité des élections prévues le 23 décembre 2018.
Pour la représentante spéciale du secrétaire général de l'ONU en République démocratique du Congo et chef de la MONUSCO, Leila Zerrougui, davantage de progrès doivent être réalisés pour garantir la crédibilité des élections prévues le 23 décembre 2018. (Crédits : MONUSCO/John Bompengo)

«Il n'y aura aucune excuse pour tout échec ou retard éventuel», a mis en garde Nikki Haley, l'ambassadrice des États-Unis aux Nations unies, alors qu'elle intervenait mardi 13 novembre devant le Conseil de sécurité qui s'est penché sur les préparatifs de l'élection présidentielle en RDC, prévue le 23 décembre prochain. Cette fois encore, les Etats-Unis ont haussé le ton à l'égard des autorités de Kinshasa qui ont décidé de se passer de l'aide de la communauté internationale pour la tenue de ce scrutin très attendu et qui soulève toujours beaucoup d'inquiétudes.

«Il n'y a aucune excuse à l'échec. Aucune raison de retarder le processus. Il ne reste aux dirigeants de la RDC qu'à faire la preuve de leur volonté de suivre le chemin démocratique qui leur a été tracé. Le monde entier observe pour savoir ce que sera l'héritage du président Kabila», a déclaré Nikki Haley, ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU.

La diplomate américaine qui quittera ses fonctions à la fin de l'année n'a pas manqué de lancer un appel «au peuple congolais», à qui elle a tenu a adressé un message pour ce rendez-vous décisif de l'avenir de la RDC :

«La vie, la liberté et la quête du bonheur sont votre droit fondamental et celui de chaque être humain. Exercez-le ! Exigez-le ! Saisissez-le pour vous et vos petits-enfants à venir !».

Pression internationale

Ce n'est pas la première fois que les Etats-Unis haussent le ton contre le régime de Joseph Kabila, et à l'approche du scrutin, Washington entend visiblement accentuer la pression sur Kinshasa, d'autant que l'incertitude est encore totale, à presque un mois de l'échéance. C'est ce qu'a d'ailleurs présenté au Conseil de sécurité, l'envoyée spéciale du secrétaire général de l'ONU en RDC, l'Algérienne Leila Zerrougui, pour qui «des progrès doivent encore être réalisés afin de créer un environnement propice à la tenue d'élections crédibles».

Selon la chef de la Mission des Nations unies en RDC (MONUSCO), ces élections tant attendues auront lieu dans un contexte sécuritaire incertain, en raison notamment des attaques des groupes armés dans plusieurs régions du pays ; du virus Ebola qui continue de sévir dans l'est du pays ; ainsi que de la situation tendue au Kasaï, après le retour de milliers de Congolais, expulsés d'Angola.

«Notre objectif collectif doit maintenant être de garantir la crédibilité du processus», a déclaré Leila Zerrougui, qui a reconnu qu'en dépit de la persistance de divergences, portant notamment sur l'usage de la machine à voter et la fiabilité du fichier électoral, «toutes les parties prenantes restent résolument engagées dans le processus électoral».

Incertitude politique

A moins d'une semaine du début de la campagne électorale, les assurances données par le gouvernement n'ont donc pas permis de lever les doutes. Les autorités de Kinshasa assurent pourtant avoir déjà débloqué près de 75% des fonds pour l'organisation du scrutin, ainsi qu'un appui matériel à la commission électorale.

«Le gouvernement a indiqué avoir versé, à la date du 23 octobre, 322,2 millions de dollars à la Commission électorale nationale indépendante (CENI), laquelle a annoncé avoir réceptionné des moyens de transport terrestres et aériens et être prête à déployer le matériel électoral sur l'étendue du territoire, dans les temps requis, pour le scrutin du 23 décembre», a d'ailleurs reconnu Leila Zerrougui, devant le Conseil de sécurité de l'ONU. Selon la CENI, près de 600 000 membres du personnel électoral sont en train d'être formés afin d'assurer le bon déroulement des opérations dans les 75 563 bureaux de vote, répartis sur 23 000 sites.

Du côté des partis politiques, l'heure est aussi aux derniers réglages. Du côté de la majorité, Emmanuel Ramazani Shadary, dauphin désigné du président Kabila et candidat du Front commun pour le Congo (FCC), a déjà entamé la campagne électorale, avec la tenue de quelques meetings et la présentation de son programme, ce jeudi 15 novembre, après une tournée sous régionale.

L'opposition quant à elle est toujours à la recherche d'une solution qui lui permettrait d'imposer une alternance démocratique en RDC. Dimanche dernier à Genève, les sept principaux candidats de l'opposition se sont entendus sur une candidature unique, celle de Martin Fayulu, pour défendre les couleurs de la coalition «Lamouka» («Réveille-toi!», en Lingala, une des langues locales). L'initiative a pourtant été avorté, moins de 24h après l'accord, signé sous l'égide de la Fondation Koffi Annan, avec le retrait de Félix Tshisekedi de l'UDPS, et Vital Kamerhe de l'UNC. De quoi ajouter au climat d'incertitude, même si cette situation arrange bien les affaires de la majorité présidentielle.

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