Déraillement d’Eseka au Cameroun : Camrail et ses employés condamnés pour «homicide involontaire»

Camrail n’a pas attendu les commentaires. La filiale du logisticien français Bolloré a indiqué qu’elle ferait appel de la décision judiciaire prononcé par le Tribunal de première instance d’Eseka. Ce mercredi 26 septembre 2018, la justice camerounaise a déclaré la société ferroviaire et dix de ses employés, coupable d’homicide involontaire dans le déraillement d’un train interrégional en octobre. Mais le feuilleton judiciaire est loin de connaître son épilogue.

Le Tribunal de première instance d'Eseka a rendu un verdict après presque deux années d'attente. Mais les familles des 79 morts et plus de 551 blessés dans le déraillement meurtrier à Eseka, ont pu mettre des visages sur les responsabilités de ce drame qui a endeuillé tout le Cameroun ce 21 octobre 2016.

6 mois de prison pour l'ex-DG, entre 3 et 5 mois pour les employés

Dans un verdict rendu ce mercredi 26 octobre 2018, le Tribunal de Première instance d'Eseka a déclaré Camrail coupable d' «homicide involontaire, de blessures simples et d'activités dangereuses»  Parmi les condamnés, Didier Vandenbon, Directeur général de Camrail au moment du drame, a écopé de 6 mois de prison. Onze employés de la filiale française concessionnaire du transport ferroviaire depuis 1991, ont été condamnés à des peines allant de trois à cinq mois de prison.

Au moment où la partie civile se réjouissait d'un « jour historique», Camrail indiquait par voie de communiqué qu'elle va introduire un recours devant la Cour d'appel face à son «incompréhension» du verdict du Tribunal de Première instance. Dans son communiqué La filiale du groupe Bolloré « s'insurge contre cette décision prise en l'absence de toute expertise qualifiée et compétente qui devait permettre d'établir de manière objective les véritables causes de ce tragique accident et de les circonscrire définitivement afin de sécuriser davantage le chemin de fer camerounais».

Tourmente judiciaire pour Camrail

La filiale du groupe français met également en doute l'impartialité des experts dont les rapports ont contribué à forger l'intime conviction du juge. Pourtant cette condamnation n'est que l'aboutissement d'un tourbillon judiciaire dans lequel Camrail et ses 1600 employés semblent s'être embourbés. Avant le verdict du Tribunal de Première instance, un rapport de la commission d'enquête rendu public par la présidence camerounaise avait conclu à la responsabilité de la compagnie ferroviaire en pointant un excès de vitesse due à un freinage défectueux et une surcharge du train due à l'addition de wagons supplémentaires. Des conclusions accablantes qui ont conduit à un rabotage du monopole de la compagnie sur les chemins de fer camerounais.

Camrail devait répondre de deux autres plaintes cette fois-ci en France, l'une déposée par un collectif d'avocats réclamant l'ouverture d'une enquête en France sur la gestion de la filiale Bolloré, l'autre par un collectif de victime représenté par le cabinet Harding Mitchell. Avant même la procédure en appel, le verdict judiciaire pourrait changer de lieu de proclamation. Et Camrail, plongée dans la tourmente.

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