Khalifa Sall condamné en appel : le temps judiciaire contre le temps politique

Un verdict couperet, peu surprenant, pour une bataille judiciaire loin de connaître son épilogue. Avant même l’annonce du verdict du juge Demba Kandji, les avocats de Khalifa Sall avaient annoncé qu’ils se pourvoiraient en cassation. Leurs inquiétudes sont devenues, depuis ce jeudi 30 août 2018, certitudes : la cour d’Appel de Dakar a confirmé la condamnation en première instance du maire de Dakar à 5 ans de prison et 5 millions de Fcfa d’amende dans l’affaire de la «caisse d’avance» de sa municipalité. Pour Khalifa Sall, candidat à la présidentielle de février 2019, toute l’équation se résume à gagner du temps.
Ibrahima Bayo Jr.
(Crédits : Reuters)

Dans un prétoire déserté par les avocats de la défense qui boycottent la procédure au nom d'un manque d'impartialité, la Cour d'Appel de Dakar n'a rien raturé de la décision en première instance sur le cas Khalifa Sall. Très attendu, lorsque le verdict tombe en fin de matinée, la sentence reste la même.

1,8 milliard Fcfa à payer solidairement avec ses co-accusés

La peine de cinq ans de prison assortie de 5 millions de Fcfa d'amende prononcée par le juge Malick Lamotte au Tribunal correctionnel de Dakar est confirmée, deux mois plus tard, par son collègue Demba Kandji de la Cour d'Appel. Après avoir rejeté les exceptions de nullité et avoir écarté une décision de la Cour de la CEDEAO qui juge la procédure viciée, la Cour d'appel a introduit une sanction de taille. Khalifa Sall et trois de ses co-accusés devront payer solidairement à l'Etat du Sénégal, partie civile au procès, la somme de 1,8 milliard FCFA pour toute cause de préjudice moral !

Malgré la gravité de la décision, le chemin de croix judiciaire du maire de Dakar est loin d'être terminé. Ses avocats qui ont déserté la salle d'audience, avaient annoncé avant même ce verdict couperet qu'ils porteront la procédure devant la Cour de cassation. «Les voies de recours existent encore sur le plan national. Il y a aussi, des voies de recours sur le plan international. C'est dire, en fait tout n'est pas perdu. On peut arriver effectivement à réussir que Khalifa SALL soit candidat à la présidentielle en prison. Ce n'est pas exclu. La bataille juridique n'est pas encore terminée», commente Me Clédor Ciré Ly, un des avocats du maire de la capitale sénégalaise.

Nuits d'angoisses à la «Bastille sénégalaise»

D'abord médiatique, puis politique, la bataille judiciaire promet donc de s'internationaliser pour un Khalifa Sall, d'ores et déjà candidat à la présidentielle de février 2019, qui compte troquer son bureau de l'Hôtel de Ville pour celui du Palais de la République, situé à 5 min de là. Une tache que ses lieutenants et son état-major politiques ont déjà entamé par un vaste mouvement de prêche auprès des chapelles politiques, des milieux religieux et mêmes de probables soutiens internationaux.

Mais le champ que les partisans de Khaff -son surnom- doivent mener est celui du temps. Entre autres buts, le pourvoi en cassation est une stratégie qui permet de jouer sur le temps judiciaire afin qu'il ne prenne pas en otage le temps politique. Si la Cour suprême ne le condamne pas avant le 19 janvier, Khalifa Sall aura échappé à la tache sur son casier judiciaire qui le rendrait de facto, inéligible à la présidence. Une conjonction astrale étrange qui promet des sueurs froides et des nuits d'angoisse à un célèbre prisonnier reclus dans la chambre spéciale de la prison de Rebeuss. Avec le lourd sens des mots, celle-ci est surnommée la « Bastille sénégalaise» !

Ibrahima Bayo Jr.

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