Mali : Ibrahim Boubacar Keïta réélu avec plus de 67% des voix

Avec la contestation prématurée de son rival, le second tour semblait joué d'avance. A l'annonce de résultats attendus mercredi 15 août puis reportés à ce jeudi 16 août dans la matinée, les résultats provisoires de la commission électorale malienne annoncent la réélection d'Ibrahim Boubacar Keïta avec plus de 67% des suffrages contre 32% pour son rival Soumaïla Cissé. Mais avec un taux de participation en baisse et des accusations d'irrégularités dans le processus électoral, la victoire annoncée d'IBK devra passer l'épreuve de la contestation qui pourrait présager d'une crise postélectorale au Mali.
Ibrahima Bayo Jr.
(Crédits : Reuters)

Le remake de l'affiche de la présidentielle 2013 a encore donné le même résultat. Ce mercredi 16 août, selon les résultats provisoires rendus publics par le Ministère de l'Administration territoriale et de la décentralisation, Ibrahim Boubacar Keïta, le président sortant, est réélu au second tour de la présidentielle (12 août) avec  67,17% des voix contre 32,83% des suffrages pour Soumaïla Cissé.

Faible participation

D'un autre côté, le taux de participation au second tour, en baisse établi à 34,54 %, semble montrer au mieux une certaine lassitude des Maliens pour la politique, au pire, un désintérêt pour un second tour que tout le monde décrivait comme joué d'avance. Pourtant, la victoire d'IBK, pour évidente qu'elle ait pu paraître du fait que les candidats malheureux du premier tour n'ont donné aucune consigne de vote en faveur d'un des prétendants au fauteuil, doit encore traverser l'épreuve de la contestation.

Avant même la publication des résultats provisoires, le représentant de Soumaïla Cissé au Ministère de l'Administration territoriale d'où les résultats devaient être compilés, avait claqué la porte. Dans son sillage, Soumaïla Cissé avait rejeté les résultats provisoires avant même qu'ils n'aient été rendus publics, dénonçant un « bourrage d'urnes». En désespoir d'une cause très peu entendue malgré les vociférations de l'opposant, Tiébilé Dramé, son directeur de campagne a tenu, ce mercredi 15 août 2018, un point presse au quartier général de campagne à Hamdallaye ACI 2000 de Bamako, pour convaincre de la justesse de leur position.

Une vidéo exhibée en guise de preuve de la «fraude»

La preuve exhibée? La projection d'une vidéo d'un peu plus d'une minute lors du point de presse, où l'on peut voir deux hommes enturbannés commettre ce bourrage d'urnes supposé. Pendant que l'un votait d'une marque de son index à côté de photo d'électeurs, le second remplissait ce qui ressemble à une liste d'émargement. Suffisant pour dénoncer une fraude électorale? Une réponse négative semble provenir des observateurs internationaux et africains qui préfèrent dénoncer des «irrégularités de procédurales» et estiment n'avoir pas constaté de «fraude». Un blanc-seing pour un nouveau bail d'IBK.

Le temps des revendications de victoire par fausses scènes de liesse interposées est passé. La bataille pourrait se prolonger devant les tribunaux maliens pour contestation même du processus avec l'appel de la mission de l'UE de se tourner vers la justice «en cas de contestation et à s'en référer à la Cour constitutionnelle du Mali». En attendant les prochaines manœuvres dans le camp d'IBK comme dans celui de Soumaïla Cissé, beaucoup d'observateurs redoutent que la contestation ne se déroule d'abord dans les rues maliennes où un important dispositif de sécurité avait été déployé avant la publication des résultats pour prévenir les risques de violences post-électorales.

Ibrahima Bayo Jr.

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