Présidentielle en RDC : vingt-six prétendants au fauteuil de Joseph Kabila

C’est avec la surprise d’Emmanuel Ramazani Shadary, le dauphin désigné de Joseph Kabila que les dépôts de candidatures se sont clôturé ce mercredi 8 août 2018. A la fin du recueil de ces dernières, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a publié une liste de 26 candidats à la présidentielle du 23 décembre 2018. Sans Joseph Kabila et sans Moïse Katumbi, vingt-six candidats sont en lice pour le fauteuil du Palais de la Nation.
Les «machines à voter», fabriquées par la société sud-coréenne Miru-Systems, ont été officiellement écartées du processus électoral en RDC, notamment après la mise en garde émise en avril dernier par les autorités sud-coréennes contre leur éventuelle utilisation.
Les «machines à voter», fabriquées par la société sud-coréenne Miru-Systems, ont été officiellement écartées du processus électoral en RDC, notamment après la mise en garde émise en avril dernier par les autorités sud-coréennes contre leur éventuelle utilisation. (Crédits : Reuters)

A deux heures de la clôture des dépôts de candidatures, Emmanuel Ramazani Shadary, le secrétaire permanent du PPRD, escorté par des membres du Front commun pour le Congo (FCC), a déposé son dossier de candidature à la présidentielle à la dernière minute.

Dauphin, Bemba, Kamerhe, Tshisekedi en lice, Katumbi écarté

Ce sera cet «oiseau rare», selon le terme de Lambert Mende, qui portera le drapeau de la majorité présidentielle pour le scrutin prévu le 23 décembre 2018. Mais il n'est pas le seul sur cette liste préliminaire de la CENI. Sauf grosse surprise, des opposants seront sur la ligne de départ de la course au Palais de la Nation que Joseph Kabila devrait libérer s'il va jusqu'au bout de sa logique. Après sa libération de la CPI, Jean-Pierre Bemba, revenu en RDC après une décennie d'absence, portera l'étendard du MLC.

Il faudra quand même attendre le verdict sur l'affaire de subornation de témoin, pendante devant la CPI, pour que sa candidature soit effectivement valide en cas de non-condamnation. Mais ce débat fait rage dans l'entourage du «chairman» où l'on fait valoir une subtilité juridique séparant la «subornation» et la  «corruption», sachant que cette dernière est un motif d'invalidation d'une candidature selon la loi congolaise.

Grand absent de cette liste préliminaire, Moïse Katumbi, le président de la plateforme «Ensemble pour le changement», empêché de retourner en RDC pour déposer sa candidature dans les délais à cause d'ennuis judiciaires. Des pressions notamment de l'Union africaine et de la communauté internationale pencheraient pour que la CENI mette à profit les cinq jours supplémentaires pour des rectificatifs afin que l'opposant vivant en exil puisse se porter candidat et permettre aux élections d'être les plus inclusives possible.

Et pourtant, l'absence de Moïse Katumbi, dont on vante le poids politique, n'arrange pas seulement la majorité. Elle arrange aussi des «concurrents» à qui il pourrait faire de l'ombre au sein de l'opposition. Pour l'UDPS, c'est Félix Tshesekedi qui prend le relais de son père Etienne et tentera de succéder à Joseph Kabila. Investi par l'UNC, Vital Kamerhe n'envisage pas non plus de jouer les seconds rôles pour décembre.

Machine à voter, électeurs sans empreintes, les craintes

Deux anciens Premiers ministres sont également de la partie. Adolphe Muzito, suspendu du Parti lumumbiste unifié (PALU), allié de Jospeh Kabila, a déposé sa candidature sous l'étiquette du Nouvel Elan du Congo. Samy Badibanga, Premier ministre éphémère de Joseph Kabila, il ira au vote sous les couleurs du regroupement politique «Les Progressistes».

Pour compléter la liste, quatre femmes seulement seront en lice pour un fauteuil jamais occupé par la gent féminine. L'ex-ministre des Transports Laure-Marie Kawanda partagera le rallye avec Marie-Josee Ifoku, la vice-gouverneure de la Tshuapa, Bébé Malwalwa, Jeanine Mukarnirwa, militante de la société civile, représentent les candidatures féminines. Avec une dizaine de candidatures indépendantes, Martin Fayulu et Gabriel Mokia seront également sur la ligne de départ.

La candidature de Joseph Kabila écartée, le combat de l'opposition est désormais la lutte pour des élections «transparentes et crédibles», notamment en écartant du processus électoral, la fameuse «machine à voter», outil électronique de vote fabriqué par l'entreprise sud-coréenne Miru Systems. Les craintes de l'opposition concernent également le toilettage d'un fichier électoral qui contiendrait six millions d'électeurs sans empreintes digitales, soit 16% de l'électorat.

Beaucoup redoutent en fait que cet électorat, difficilement identifiable, soit la parade pour la coalition au pouvoir de remporter ces élections et de faire entrer au Palais le dauphin désigné de Kabila, pour un scénario de chaises musicales à la Poutine.

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