Madagascar : début d'un « Game of Thrones » sur la Grande île

Une bataille pour la grosse clé du Château ! En 2014, lors de la passation de pouvoirs, c’est à contrecœur qu’Andry Rajoelina remettait ce symbole à son successeur Hery Rajaonarimampianina. Désormais, les deux ex-présidents ont une nouvelle opportunité de tirer cette rivalité au clair. Le premier a annoncé sa candidature tandis que le second, encore hésitant, donne tous les signaux qu’il sera en lice. Un duel d’ex-présidents arbitré par Marc Ravalomana, le prédécesseur du prédécesseur. Tous les ingrédients une bataille pour le trône du Palais d'Iavoloha.
Ibrahima Bayo Jr.
(Crédits : DR)

Dans un entretien exclusif accordé à La Tribune Afrique, Andry Rajoelina avait accepté de lever un coin du voile sur son comeback annoncé et attendu. C'est désormais officiel : l'ancien président malgache a officialisé, ce mercredi 1er août 2018 dans un discours de pré-programme électoral, sa candidature à la présidentielle 2018.

Fidèle parmi les fidèles, Andry Herizo Rakotozafy, son lieutenant politique, s'est chargé de déposer, dès les premières heures de bureau au siège de la Haute cour constitutionnelle, le dossier de candidature de son mentor qui est encore le premier et seul candidat à être inscrit. Si Andry Rajoelina n'a pas déposé lui-même son dossier, c'est qu'il voulait marquer un coup d'éclat politique, le jour même de l'ouverture officielle des candidatures.

Andry Rajoelina, un homme neuf et rassembleur?

«Je me suis toujours positionné comme une solution. Je me pose aujourd'hui en solution pour le pays et déclare officiellement ma candidature à l'élection présidentielle. Je ne suis pas le candidat d'un parti, mais le candidat du peuple», a annoncé l'opposant de 44 ans lors d'un meeting politique grandiose dans la capitale. Une campagne avant l'heure ?

Dans le Palais des sports de Mahamasina -6 000 places- plein comme un œuf, c'est l'ambiance des grands et la couleur orange du Mapar (son parti) qui impriment le ton. Tout ce que Antanarivo compte de partisans du premier parti d'opposition, de transhumants politiques du parti au pouvoir, de militants surexcités et simples observateurs, n'a pas voulu rater ce spectacle à l'américaine.

Au cours d'un discours-fleuve, mais maîtrisé, Andry Rajoelina se présente en homme neuf et même... rassembleur. «Le Andry Rajoelina de 2009 n'est plus celui de 2018», lance-t-il sans doute pour gommer son image alambiquée de putschiste lorsqu'il a poussé à la sortie Marc Ravolamana pour lui ravir son fauteuil avant d'être contraint à la fin de la «transition» à passer les clefs du Château à l'actuel président en 2014.

En direction de Hery Rajaonarimampianina, qui hésite à franchir le pas du rallye pour la réélection, son prédécesseur n'a pas manqué de décocher quelques flèches. «Lorsque je participe à une compétition, c'est pour la gagner. Je n'ai pas peur de concourir contre qui que ce soit», se gargarise Andry Rajoelina.

Trois ex-présidents pour un Palais

Depuis Manakara, la côte sud-est de Madagascar, l'occupant actuel du fauteuil a dû s'amuser de cette pique. Presque au moment du meeting, sa réponse politique est venue de la présentation du Fisandratana, une mouture des mots «renaissance» et «émergence» représentant un plan de développement du pays d'ici 2030. Un début de programme politique d'un président qui n'a pas encore officialisé sa candidature.

Pourtant au vu des manœuvres du parti au pouvoir, le président sortant est de fait presque engagé dans la course. «Le président de la République en exercice qui se porte candidat aux élections démissionne de son poste soixante jours avant la date du scrutin présidentiel», dispose la Constitution malgache. Le 27 juillet dernier, Rivo Rakotovao, le président du Sénat et non moins président national du parti HVM (au pouvoir) démissionnait de la présidence du parti au pouvoir.

Pour beaucoup d'observateurs, le président du Sénat, qui doit assurer l'intérim en cas de démission du président de la République, s'est laissé les coudées franches pour parer les incompatibilités entre les deux casquettes. Une décision qui ne laisse plus de place au doute sur la candidature du président sortant.

La course au Palais, dont Andry Rajoelina devient le lièvre, pourrait se transformer en Game of Thrones sur la Grande île. Avec la candidature de Marc Ravalomana, très attendu sur la ligne de départ, ce ne sont pas moins de trois anciens présidents qui prétendent à la grande clé du Château. Tous sont résolus à s'asseoir sur le «trône» du Palais d'Iavoloha, le siège du pouvoir le plus convoité de Madagascar.

Ibrahima Bayo Jr.

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