CPI-Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo exige sa libération

En désespoir de cause, c’est par voie épistolaire que Laurent Gbagbo a de nouveau interpellé la Cour pénale internationale(CPI). Par l’entremise de ses avocats, l’ancien président de Côte d’Ivoire exige des juges de l’institution de Fatou Bensouda qu’ils prononcent son acquittement, donc sa libération. Toute la question est de savoir si cette nouvelle tentative sera la bonne.
Ibrahima Bayo Jr.
L'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo est jugé janvier 2016 pour crimes contre l'Humanité par la Cour pénale internationale dont le procureur général est Fatou Bensouda.

En plus de six ans de détention, Laurent Gbagbo aura essuyé 14 rejets de demande de libération provisoire. Ni l'arthrose qui ronge l'ancien président ivoirien, ni même le «montage» dénoncé par Mediapart pour le maintenir en détention, encore moins les «erreurs» que le juge d'appel a demandé de corriger n'ont convaincu l'institution basée à La Haye.

Changement de stratégie ?

Alors le pool d'avocats a décidé peut-être de changer de stratégie. Ce lundi 23 juillet 2018, le pool autour d'Emmanuel Altit a saisi la Cour pénale internationale (CPI) d'une requête pour exiger l'acquittement de Laurent Gbagbo, faute d'avoir pu établir la preuve irréfutable de sa culpabilité. «Les éléments présentés par le procureur sont insuffisants pour prouver les charges à l'encontre de Laurent Gbagbo au-delà de tout doute raisonnable», précise la missive envoyée par les avocats.

Plus que cette lettre, ce sont les chiffres du procès qui renseignent le mieux sur l'embarras du Bureau du procureur à établir la culpabilité de Laurent Gbagbo dans les crimes contre l'Humanité lors de la crise post-électorale de 2010 dont on accuse l'ancien locataire du Palais du Plateau. En deux ans, le procès-fleuve qui s'est ouvert le 28 janvier 2016 a permis l'audition de plus de 82 témoins, le visionnage de centaines d'heures de vidéo, sans compter les documents versés au dossier par l'accusation.

Comment en est-on arrivé là ? Le scénario est d'une inlassable répétition. A chaque demande de libération -même provisoire- introduite par Laurent Gbagbo, le procureur Fatou Bensouda évoque un «risque de fuite». En résumé, selon cet argument, l'ancien président ivoirien se serait constitué un réseau suffisamment solide pour s'enfuir dans un pays où la Cour ne peut exercer sa compétence.

Cadeau de Gbagbo pour les 20 ans de la CPI

Le risque d'un bis repetita de ce même scénario n'est pas écarté pour l'audience décisive du 1er octobre 2018. Accusation comme défense devraient présenter leurs arguments en faveur ou contre la libération de Laurent Gbagbo, incarcéré dans le  pénitencier de Scheveningen à La Haye depuis novembre 2011. Même dans l'option où les juges décident d'un acquittement, Fatou Bensouda pourrait interjeter appel de la décision.

Et pourtant, ce n'est pas les scénarios qui manquent pour une libération de Laurent Gbagbo qui fait déjà savoir sa préférence pour une installation provisoire en Belgique auprès de sa famille, en attendant la fin définitive du procès. En contactant des experts, La Tribune Afrique avait étudié cinq de ces scénarios  les plus plausibles. Pour les 20 ans du Statut de Rome, le texte fondateur de la CPI, le premier président africain à être jugé devant la CPI a choisi d'offrir ce curieux cadeau d'anniversaire après l'heure. En crise de légitimité, l'institution basée à La Haye se voit offrir une chance de redorer son blason.

Ibrahima Bayo Jr.

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Commentaires 2
à écrit le 26/07/2018 à 16:12
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Un accusé qui exige quelque chose de ses juges ? On dirait du Sarko.

à écrit le 26/07/2018 à 14:39
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Essaie-t-il de nous mener encore en "gbagbo"?

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