Prestation de serment en Sierra-Leone : l’ère Maada Bio s’installe

La cérémonie d’investiture coïncide avec son cinquante-quatrième anniversaire. Et pourtant, à l’heure d’être officiellement intronisé ce 12 mai en présence d’une demi-douzaine de chefs d’Etat du Continent et du gotha diplomatique étranger, Julius Maada Bio sera trop occupé pour les célébrations de son anniversaire. L’ancien général putschiste devra s'atteler à parachever le processus de réconciliation du pays et relancer l’économie. Une tache pour laquelle le fraîchement élu a déjà annoncé des mesures fortes.
Ibrahima Bayo Jr.
(Crédits : DR)

Un tapis rouge menant à un dais planté à même la pelouse d'où le président devra prêter serment en début d'après-midi. Après une prestation de serment à la hâte dans la foulée de la contestation de l'après second tour, Julius Maada Bio devrait avoir une tribune plus grande que l'enceinte exigüe de l'hôtel dans lequel il a juré pour entrer en exercice.

Une intronisation en cadeau d'anniversaire du président

Ce 12 mai au stade national Siakas Stevens de Freetown dont l'entrée a dû être fermé pour avoir dépassé les 36.000 places de sa capacité d'accueil, le nouveau président élu fin mars, devrait être intronisé dans ses fonctions. Quel meilleur cadeau pourrait-il recevoir ? La cérémonie d'intronisation coïncide avec la célébration du cinquante-quatrième anniversaire de Julius Maada Bio. Devant un parterre des invités de marque !

En face, la tribune officielle devrait recevoir une demi-douzaine de chefs d'Etat de la sous-région parmi lesquels le Sénégalais Macky Sall, soutien de la première heure de Julius Maada Bio, Faure Gnassingbé Eyadema, en sa qualité de président en exercice de la Cedeao, l'Ivoirien Alassane Ouattara, le Guinéen Alpha Condé ou encore Libérien George Weah.

Le Burkinabé Roch Marc Kaboré est quant à lui représenté par Alpha Barry, son chef de la diplomatie. Ces VIP devraient partager la tribune officielle avec les délégations d'autres pays africains, des Etats-Unis et de Wang Zhigang, l'envoyé spécial du président chinois Xi Jinping mais aussi des artistes d'Afrique de l'Ouest. Ce matin, quelques heures avant son intronisation, Julius Maada Bio a reçu une délégation israélienne qui devrait également participer aux célébrations.

L'heure des actes !

Pour autant, le nouveau président n'a pas attendu la solennité de l'événement pour mettre en œuvre son programme. Militaire putschiste, Maada Bio a renversé en 1996, le pouvoir de Valentin Strasser avant de rendre le pouvoir aux civils et de partir en exil aux Etats-Unis pour parfaire sa formation. Battu à la présidentielle de 2012 par Ernest Bai Koroma, sa victoire au second tour de la présidentielle de mars 2018 sonne comme une revanche sur l'histoire et l'occasion de gommer son passé de putschiste. Une mission que le nouveau président a prise très au sérieux.

Désormais, sous son magistère arraché par les urnes, tous les citoyens participent au «Cleaning Day», le jour de nettoyage de toutes les rues, tous les premiers samedis du mois, de 7H du matin à midi. Dans l'administration, le pointage a été institué et tous les fonctionnaires qui ne se présenteraient pas au bureau à 8h30 seront sanctionnés. Le reste devra justifier de ses diplômes. Julius Maada Bio en personne et ses ministres effectueront des visites surprises pour vérifier l'effectivité de ces mesures. Mais la préoccupation est peut-être ailleurs.

Même si l'économie du pays est annoncée à la reprise à la faveur des cours internationaux dans les industries extractives, principal richesse du pays, le pays est en défaut de financement depuis ces bisbilles avec le FMI, premier dossier économique brûlant du président. Ce dernier s'est d'ailleurs tourné vers des investisseurs de pays de la sous-région. Lors de ses visites à Dakar ou Abidjan, Julius Maada Bio a rencontré les patronats des deux pays pour les exhorter à investir dans l'agro-alimentaire, les télécoms ou le BTP. Des pays comme le Maroc ou encore le Ghana devraient rejoindre le rang des investisseurs africains invités.

Le défi est grand pour ce président qui incarne l'espoir de voir la Sierra-Leone se relancer loin de la guerre civile sur fonds ethnique et de l'épisode meurtrier d'Ebola. A l'heure où il enfile son costume et qu'il lèvera la main pour jurer de défendre et protéger la constitution, il aura ces priorités en tête. Tout de suite après, l'heure sera aux actes !

Ibrahima Bayo Jr.

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