Bénin : après deux mois de grève, les magistrats reviennent travailler

Pour la première fois depuis deux mois, les tribunaux du Bénin ont finalement repris du service ce lundi. La décision de suspendre la grève intervient à la suite du mot d'ordre lancé le weekend dernier par l'Union nationale des magistrats du Bénin.
Au Bénin, les mouvements de protestation se sont amplifiés depuis l'adoption en décembre dernier des nouvelles dispositions de la loi portant sur le statut général de la fonction publique qui suppriment l’exercice de droit de grève aux agents de la justice, de la santé, de la sécurité et aux magistrats.
Au Bénin, les mouvements de protestation se sont amplifiés depuis l'adoption en décembre dernier des nouvelles dispositions de la loi portant sur le statut général de la fonction publique qui suppriment l’exercice de droit de grève aux agents de la justice, de la santé, de la sécurité et aux magistrats. (Crédits : DR.)

Bonne nouvelle pour les justiciables béninois. Après deux mois de grève, les magistrats béninois ont finalement repris le travail lundi dernier dans la matinée comme il leur avait été demandé par l'Union nationale des magistrats du Bénin (UNAMAB), ce weekend, dans une motion de suspension de grève signée par le président de l'union, Marc Robert Dadaglo.

L'appel de ce dernier s'avère conforme à une décision prise le vendredi 4 mai par l'UNAMAB, malgré la non satisfaction des revendications des magistrats, afin de montrer un geste d'ouverture à l'endroit du gouvernement.

«Préoccupée par l'intérêt supérieur des justiciables qui ne doivent pas continuer de subir les conséquences de cette situation voulue et entretenue par le gouvernement et après analyse de la situation», l'UNAMAB a décidé «de suspendre son mot d'ordre de grève en date du 23 février 2018 tel que modifié par motion du 6 avril 2018 pour compter de ce vendredi 4 mai 2018 à minuit», a indiqué le magistrat Marc Robert Dadaglo dans sa motion de suspension. Malgré ce geste d'apaisement, les magistrats seraient toujours mobilisés dans leur action.

Déstabilisation du pouvoir judiciaire

Dans leur dossier revendicatif, les juges protestent notamment contre les retenues sur salaire opérées par le gouvernement après des grèves antérieures, réclament au passage leurs reversements. C'est «en exécution des résolutions de l'Assemblée générale du 27 janvier 2018 que l'UNAMAB a déclenché une grève de protestation de cinq jours à compter du 26 février 2018 avec tacite reconduction», dont la revendication prioritaire était «d'exiger la rétrocession de l'intégralité des fonds arbitrairement défalqués sur salaires du mois de février 2018», rappelle le président de l'UNAMAB dans sa motion.

Alors que la grève perdurait avec ses conséquences sur les justiciables et leurs dossiers bloqués, les magistrats avaient déjà décidé en avril de réduire le nombre de jours de la mobilisation. «Le 6 avril 2018, le Bureau exécutif de l'UNAMAB avait décidé de la poursuite du mouvement de grève en le réduisant à une durée de 72 heures, renouvelables par tacite reconduction», ajoute le juge Marc Robert Dadaglo.

Le président de l'UNAMAB souligne que malgré leur disponibilité, le gouvernement a choisi la voie de la «radicalisation» en soumettant «uniquement» les salaires des magistrats des mois de mars et avril 2018 à de nouvelles défalcations.

«Cette mesure de représailles du gouvernement, illégale discriminatoire, participe en réalité d'un plan évident de déstabilisation du pouvoir judiciaire et partant de remise en cause de notre démocratie», estime le dirigeant de l'UNAMAB. Malgré tout, avec ses collègues de l'UNAMAB, il espère aujourd'hui que les autorités répondront favorablement à leur «geste de bonne volonté de reprendre le travail», notamment lors d'une éventuelle rencontre avec le gouvernement.

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