C'est à la Cité de la démocratie (un quartier de Libreville) que Moïse Bibalou Koumba et ses co-membres ont pris leurs quartiers. C'est depuis ce bâtiment qui abritait le siège l'ancienne Commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP), que ce septuor devra superviser l'organisation de toute élection au Gabon.
«Avec probité et impartialité»
«Je jure d'accomplir le devoir de ma charge avec probité et impartialité, de respecter et de faire respecter la loi électorale, le suffrage universel, la démocratie pluraliste et de m'astreindre au secret des délibérations auxquelles j'aurai pris part dans l'exercice de mes fonctions, je le jure».
Tour à tour, Moïse Bibalou Koumba et son équipe ont levé la main droite et juré de faire respecter le processus prévu par la loi, devant devant les «neufs Sages» dont Marie-Madeleine Mborantsuo, la présidente de la Cour constitutionnelle qui présidait la cérémonie.
Comme un rappel aux obligations d'une organisation sans tache du processus électoral, marqué depuis Omar Bongo dans les années 1990 par la contestation, Marie Madeleine Mborantsuo ne s'est pas privée de quelques conseils sur les prérogatives d'un Centre gabonais des élections (CGE) qui doit relever le défi de faire oublier l'impartialité pointée de la Commission nationale électorale (CNE), la Commission nationale électorale autonome et permanente (Cenap) que le CGE remplace aujourd'hui.
Pour autant, la nouvelle commission électorale gabonaise démarre ses premiers travaux avec des dossiers brûlants d'actualité où la politique côtoie le droit dans un mélange de genres difficile à décortiquer. A la surprise générale, la Cour constitutionnelle a mis fin au mandat des députés, expiré depuis décembre, et confié leur pouvoir à un sénat largement dominé par le PDG (au pouvoir). La mesure s'accompagne d'une dissolution du gouvernement qui n'arrivait pas à tenir des législatives sans cesse reportées.
L'ombre de la contestation et la preuve d'impartialité
Dans ce contexte, Moïse Bibalou Koumba et ses co-membres marchent sur des œufs, eux qui doivent établir un calendrier devant conduire à la désignation d'une date pour les législatives après révision des listes électorales. La contestation de la réélection d'Ali Bongo à la présidentielle d'août 2016 suivra aussi le CGE comme une ombre.
Pour la première élection qu'elle organise juste après son installation, le CGE devra faire un parcours sans faute d'autant qu'il compte en son sein des membres de l'opposition prêts à dénoncer le moindre petit flou sur les élections. La pression pourrait provenir du fait que c'est désormais le CGE qui administre tout le processus de toutes les élections jusqu'à la proclamation des résultats, une mission autrefois tenue par le ministère de l'Intérieur.
Si le CGE ne fait pas la preuve de sa liberté de manœuvre et de son impartialité, les critiques seraient bien tentés de le loger au rang d'institution-lige du pouvoir.
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