Togo : Faure Gnassingbé maintient le calendrier électoral et appelle au dialogue

Dans un contexte de contestation du gouvernement, le Togo a fêté ce 27 avril, le 58ème anniversaire de son indépendance. A cette occasion, le chef de l'Etat, Faure Gnassingbé, dans un discours de près de 18 minutes, a affirmé qu'il respectera le calendrier électoral prévu et a valorisé le dialogue comme émanant de la culture du peuple togolais.
(Crédits : Reuters)

Malgré le contexte politique peu favorable dans le pays et la promesse faite devant le président ghanéen de suspendre les préparatifs pour les élections, les autorités togolaises ne vont pas reculer et respecteront le calendrier électoral prévu par la constitution en vigueur dans le pays. C'est ce qui est ressorti du discours du président togolais Faure Essozimna Gnassingbé à l'occasion de la commémoration du 58ème anniversaire de l'indépendance de son pays, ce 27 avril. Pour lui, avant la fin de cette année 2018, il va falloir donner voix aux électeurs à travers des consultations et scrutins dans le respect des délais légaux. «La voie démocratique que nous avons choisie implique que la parole soit donnée périodiquement aux électeurs à travers des consultations et scrutins pour qu'ils expriment les choix conformes à leurs aspirations», a d'abord rappelé le président togolais, avant d'arguer «Nous ne nous en écarterons pas car toute autre option reviendrait à méconnaître la sagesse de notre peuple et l'intelligence de nos concitoyens. Le point de vue de chaque Togolais est important. Aussi, les rendez-vous retenus par le calendrier électoral cette année seront-ils tenus».

Rappelons que pour cette année 2018, trois échéances électorales sont prévues. Il s'agit notamment des élections législatives mais aussi locales et le référendum. Ce dernier avait été annoncé par le gouvernement togolais pour son projet de révision constitutionnelle très contesté par l'opposition. Celle-ci ne veut depuis août 2017 que le retour de la constitution de 1992 et le vote de la diaspora togolaise, en filigrane un départ du chef de l'Etat avant 2020.

Exhortation pour le dialogue

Dans son adresse à ses compatriotes, le chef de l'Etat togolais s'est montré catégorique sur le calendrier électoral, mais ouvert aux négociations. Le dirigeant togolais a ainsi exhorté la classe politique au dialogue pour la résolution de la crise qui secoue le pays.

«Le dialogue est une valeur ancestrale et un élément-clé de notre culture. La vie politique ne saurait échapper à cette pratique. C'est pourquoi, en regrettant les prises de positions qui tendent à renier son importance et mettre en doute notre capacité à transcender nos divergences, j'exhorte les acteurs politique à un sursaut nourri par l'amour de la patrie et porté par la recherche de l'intérêt général», Faure Gnassingbé.

Un appel qui se comprend, alors que le dialogue entamé avec le médiateur en la personne du président ghanéen, Nana Dankwa William Akufo-Addo, est aux arrêts depuis quelques semaines après seulement trois séances. Les deux camps, pouvoir et opposition sont à couteaux tirés sur la question des réformes constitutionnelles. Le premier veut une limitation du mandat présidentiel a appliqué au chef de l'Etat pour un éventuel prochain mandat qui serait alors le 4ème alors que le second veut des réformes applicables immédiatement, devant donc conduire au départ pur et simple du président en 2020, à la fin de son 3ème mandat en cours. Les deux parties ont promis, l'opposition d'arrêter les manifestations publiques et le pouvoir d'arrêter le processus électoral durant le dialogue.

Malheureusement, une note du ministre togolais de l'intérieur relative à la formation des commissions électorales locales indépendantes (CELI) qui a fuité, a remis en selle l'opposition qui a repris les manifestations publiques que le pouvoir n'a pas arrêté de réprimer. Ainsi, pour son discours, la classe politique, en l'occurrence l'opposition, espérait que Faure Gnassingbé annonce des concessions par rapport aux revendications sociales politiques en cours dans le pays.

Déception pour les uns, confirmation pour les autres, preuve d'autorité pour d'autres encore, son discours n'aura pas, comme souvent ces derniers temps, engendré la cohésion. «D'abord le chef de l'Etat se dit favorable à la poursuite du dialogue. Ensuite, il prétend que les délais légaux seront tenus, s'agissant des élections. Pour moi, ces affirmations sont contradictoires parce que la question des délais légaux s'agissant des élections ne se pose pas», a réagi Jean-Pierre Fabre, chef de file de l'opposition et président de l'Alliance nationale pour le changement (ANC) sur RFI. «C'est évident. Le règlement de la crise a lieu désormais, en principe, dans le cadre du dialogue que M. Faure Gnassingbé s'est trouvé contraint lui-même d'appeler. Pendant le déroulement du dialogue, les délais électoraux n'existent plus. Le pouvoir en place ne peut pas avoir le beurre, c'est-à-dire le dialogue, et l'argent du beurre, c'est-à-dire la fixation des dates des élections. Ce n'est pas possible», a-t-il renchéri.

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