Madagascar : l’opposition reprend ses marches pour le départ du président

Retour à la case départ sur la Grande île ! Les partisans de l’opposition ont de nouveau investi l’emblématique Place du 13 mai, devenue le fief de la contestation anti-pouvoir. Après l’échec de négociations à peine ouvertes avec l’opposition pour tenter de régler la crise politique, les manifestations ont repris de plus belle à Antananarivo, la capitale. L’exigence est toujours la même : le départ du président Héry Rajaonarimapianina.
Ibrahima Bayo Jr.
(Crédits : Reuters)

En attendant le verdict de la Cour constitutionnelle qui doit se prononcer sur la constitutionnalité des nouvelles lois électorales à l'origine des manifestations quasi-quotidiennes depuis deux semaines, l'échec des négociations politiques a ravivé la flamme de la contestation.

A l'appel de l'opposition qui déposé le recours, un millier de personnes ont investi ce samedi 28 avril 2018 la Place du 13 mai, celle-là même où s'est scellée en partie le départ de Marc Ravalomana en 2012. Au cri de «Dégage Rajao !», les protestataires ont repris la même revendication qu'il y a une semaine : le départ par démission ou destitution du président.

La Grande île manifeste à nouveau

Une semaine auparavant, la première manifestation du samedi 21 avril avait dégénéré en violentes échauffourées entre manifestants et forces de l'ordre. Deux protestataires y avaient perdu la vie et une quinzaine avait été grièvement blessée. Ce coup d'éclat politique ne s'était estompé qu'avec le retour de voyage du président dans lequel on guettait un signe d'apaisement.

Mais dans un discours très offensif, le président Rajaonarimanpianina avait qualifié de «coup d'Etat» constitutionnel la contestation, avant de lancer un appel à l'armée pour la protection des biens des personnes. Au sein du HVM (au pouvoir), on plaidait pour l'apaisement. Rivo Rakotovao, président du Sénat et chef du HVM, avait entrouvert la porte des négociations dans laquelle s'est engouffrée l'opposition.

Entamées mercredi 25 avril sous l'égide de l'Union africaine (UA), les négociations n'ont même pas tenu avant la fin de la journée du jeudi 26 avril, la teneur des débats constituant une pomme de discorde difficile à croquer entre les acteurs politiques. Et il y a de quoi dans un contexte politique où tous les politiciens ont la tête dans leur avenir électoral.

La cour constitutionnelle, l'arbitre qui peut mettre fin à la crise

Début avril, les députés de la majorité avaient réformé le Code électoral en le musclant de trois nouvelles lois quoi doivent entrer en vigueur avant les législatives et la présidentielle prévues à cheval sur les mois de novembre et décembre 2018. Ces lois qui régissent jusqu'aux conditions de candidatures sont jugées partiales et taillées sur mesure pour écarter les deux ex-présidents Marc Ravalomana (2002 à 2009) et Andry Rajoelina (2009 à 2014) de la présidentielle.

Avec cette reprise des manifestations, la Grande île frissonne de cette secousse politique qui présage un climat politique délétère pour les scrutins à venir. Opposition comme pouvoir pourraient y laisser des plumes politiques. Après sa fermeté, le président sortant se voit difficilement faire machine arrière, au risque de passer pour perméable à la pression, au moment où son parti le pousse à rempiler. Ce qu'il hésite à faire.

Du côté de l'opposition, au sein de laquelle on compte le spécialiste en «putsch par la rue», Andy Rajoelina, la réaffirmation de sa capacité de mobilisation à quelques mois des élections permet de se constituer un capital sympathie en passant pour les partisans d'élections équitables dans un pays où les secousses protestataires ont déjà fait tomber le premier citoyen du pays.

Au-delà des calculs politiques, l'histoire bégaie sur la Grande île, les risques de répétition d'un scénario politique connu de tous aussi. Le duel est engagé entre le pouvoir et l'opposition. Il s'annonce politiquement féroce et très disputé. A Antananarivo, tous les observateurs tablent sur la décision de la Cour constitutionnelle, le seul arbitre qui pourrait trancher le duel. L'avenir politique de Madagascar en dépend.

Ibrahima Bayo Jr.

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