Gabon : Moïse Kouma, président de la nouvelle « commission électorale »

Première lueur pour lever le flou sur la date des prochaines législatives. Alors que c’était l’un des écueils qui empêchaient la programmation du scrutin, pouvoir et opposition ont pu trouver un personnage à placer à la tête du Centre gabonais des élections. Elu par une commission composée de représentants de la majorité et du parti au pouvoir, Moïse Bibalou Koumba prend donc la tête de cette nouvelle instance chargée de remplacer la très décriée CENAP et d’organiser des élections exemptes de toute contestation. Chantier titanesque !
Ibrahima Bayo Jr.
(Crédits : DR)

L'histoire politique du Gabon retiendra qu'il est le premier président du Centre gabonais des élections (CGE). Mais avec une prudence de Sioux, Moïse Bibalou Koumba s'est refusé à toute évocation de ses priorités tant que sa prestation de serment ne sera pas actée.

Koumba, nouveau patron de la nouvelle «commission électorale»

A 57 ans, ce magistrat de formation a été porté ce jeudi 26 avril à la tête de cette instance chargée de l'organisation des élections au Gabon, en remplacement de la Commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP), trop décriée pour son manque de neutralité. Et pourtant ! La proximité du nouveau président avec le pouvoir gabonais n'a pas empêché la commission ad hoc, composée paritairement de cinq représentants de la majorité et de l'opposition, de le porter à la tête du CGE.

Moïse Bibalou Koumba est un haut commis de l'Etat. Ce natif de Nyanga, dans le sud du pays, étale sur son CV de juriste une longue carrière à la magistrature, ce qui lui vaut son ticket d'entrée à la Cour constitutionnelle en tant qu'assistant. Son élection conforte le règne des magistrats à la tête de presque toutes les instances mises en place par le Gabon pour chapeauter des élections dans le pays.

Petite tache sur le CV de magistrat hors hiérarchie, sa présidence entre 2002 et 2003 à la Commission nationale électorale(CNE) a été marquée par des soupçons de collusion avec le pouvoir en place lors de l'organisation des locales et sénatoriales de 2003. Un passé sulfureux qu'il traîne comme une ombre.

Dossiers brûlants sur le bureau

Grand favori de la course à la présidence du CGE, Moïse Koumba avait le soutien de Marie-Madeleine Mborantsuo, l'indéboulonnable présidente de la Cour constitutionnelle, celle-là même que l'on qualifie de «Tour de Pise» pour sa propension à pencher vers les desiderata du pouvoir. Le nouveau président CGE avait aussi un mentor puissant en la personne Gilbert Ngoulakia, président de la Cour des comptes. De quoi remettre en cause sa neutralité pour les scrutins à venir ?

Elu pour deux ans, Moïse Koumba entame une course contre la montre qui lui sert d'excellent prétexte pour ne pas répondre aux critiques. Mais le président du CGE marche sur des œufs. Sa première urgence est de déterminer une date pour les législatives initialement prévues le 28 avril, alors que son élection est intervenue deux jours seulement après cette date souvent retenue et plusieurs fois repoussée.

Le temps presse pour la publication du calendrier électoral pour permettre au plus vite le renouvellement du mandat des députés, expiré depuis décembre 2016. Avec les questions de renouvellement du fichier électoral et du découpage territorial, sa présidence démarre avec des dossiers brûlants sur son bureau. Outre le débat sur sa liberté de manœuvre par rapport au pouvoir, c'est sur la transparence des prochains scrutins qu'il sera attendu.

Ibrahima Bayo Jr.

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