Commonwealth : que cache la discrète invitation du Zimbabwe post-Mugabe ?

C’est Sibusiso Moyo qui représente le Zimbabwe au sommet du Commonwealth, Emmerson Mnangagwa étant occupé avec les célébrations des 53 ans d’indépendance de l’ex-Rhodésie du Sud. «Le ministre des Affaires étrangères a été invité par son homologue britannique, mais il ne participera pas aux délibérations», précisent les autorités zimbabwéennes. Après la chute de Robert Mugabe, cette discrète invitation devrait acter le retour progressif du pays au sein de l’organisation réunissant les anciennes colonies britanniques.
Ibrahima Bayo Jr.
Le sommet du Commonwealth se tient les 17 et 18 avril à Londres.
Le sommet du Commonwealth se tient les 17 et 18 avril à Londres. (Crédits : Reuters)

Paradoxe appuyé par un hasard de calendrier. Au grand Stade d'Harare, Emmerson Mnangagwa allumait ce 18 avril une flamme symbolique pour les 53 ans d'indépendance au moment où son chef de la diplomatie était à Londres pour le sommet du Commonwealth.

A la discrète invitation de Boris Johnson, le secrétaire d'État britannique aux Affaires étrangères et du Commonwealth, son homologue du Zimbabwe, Sibusiso Moyo, participe au sommet de deux jours (17 et 18 avril) de l'organisation réunissant les anciennes colonies britanniques. Sans participer au débat. Au ban d'une communauté internationale souvent allergique aux attaques d'un Robert Mugabe qui a bien souvent joué la carte de la lutte contre le néocolonialisme, le Zimbabwe sous Emmerson Mnangagwa se cherche une légitimité internationale pour tenter d'attirer les investisseurs internationaux.

Un retour sous-tendu par un calcul politique

Premier acte de cette tentative de retour sur les radars internationaux, cette réunion du Commonwealth duquel le Zimbabwe avait été poussé, sans tact diplomatique, après les violences post-électorales de 2003. Même sans participation aux travaux de l'organisation, l'apparition remarquée du ministre zimbabwéen des Affaires étrangères est sans doute un poste d'observation qui prépare le retour progressif du pays au sein du Commonwealth.

Le calcul de ce retour échelonné est bien sous-tendu par un raisonnement politique. A quelques mois des élections générales dont la présidentielle, le nouveau pouvoir aura besoin de les organiser sans l'ombre d'une contestation de crédibilité pour se démarquer de l'ancien régime souvent accusé de fraudes. Même si au vu des premiers signes, cette élection semble jouée d'avance, le Zimbabwe devrait passer l'examen de l'Etat de droit, des élections libres et les droits de l'homme, des principes chers au Commonwealth.

La projection d'Emmerson Mnangagwa est plus personnelle. Cinq mois après la chute de Robert Mugabe, le nouvel homme fort de Harare multiplie les visites à l'étranger (Pékin, Abidjan) et court les rencontres d'investissements. Après avoir réussi à reprendre la main sur la Zanu-PF, son parti, et sur le front intérieur, Emmerson Mnangagwa est bien déterminé à se tailler un costume à l'international. Lui qui assure que son pays sera de retour dans le concert des nations.

Ibrahima Bayo Jr.

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