Boucle ferroviaire ouest-africaine : au Niger, Patrice Talon pousse la piste chinoise

A coups de dédommagements, Patrice Talon avait éconduit les hommes d’affaires, béninois Samuel Dossou et français Vincent Bolloré, qui se sont livrés à une bataille juridico-médiatique sur l’adjudication du tronçon Cotonou-Niamey. A la place, le président béninois s’était prononcé en faveur d’un projet plus durable qui serait confié à la China Railway Construction Corporation (CRCC). Il ne restait plus qu’à convaincre son voisin du nord sur ce nouvel acteur. D’où l’objet de sa visite chez Mahamadou Issoufou du Niger.
Ibrahima Bayo Jr.
(Crédits : DR)

Patrice Talon en VRP de la Chine sur le tronçon Cotonou-Niamey de la boucle ferroviaire ouest-africaine ? Avec sa visite de ce vendredi à Niamey, le président béninois vient entériner les négociations avec Mahamadou Issoufou, son homologue du Niger pour que la société chinoise termine des travaux à l'arrêt depuis 2013.

60 milliards de dollars de la Chine pour le projet

« Nous avons fait le point sur la question du chemin de fer et nous avons essayé de voir quelles sont les solutions qu'on pourrait mettre en place pour l'accélérer », confie Mahamadou Issoufou aux journalistes qui lui tendaient le micro au sortir du salon d'honneur de l'aéroport de Niamey. « Nous évoquons la piste chinoise en termes de financements (...). La Chine a décidé de mettre à la disposition des pays africains environ 60 milliards de dollars pour l'aide au développement », complète Patrice Talon.

Après l'éviction des deux hommes d'affaires en conflit sur ce tronçon, la China Railway Construction Corporation (CRCC) devrait poser les rails du projet de réhabilitation et d'extension du corridor ferroviaire Cotonou-Parakou-Dosso-Niamey. Même s'il a remporté l'appel d'offres conjoint lancé par les deux pays, Samuel Dossou n'avait pas les faveurs de Mahamadou Issoufou qui a pris fait et cause pour Vincent Bolloré.

De son côté, Patrice Talon avait qualifié la proposition de l'homme d'affaires de «bas de gamme» dans une interview à nos confrères de Challenges, même si Bolloré avait déjà posé 140 kilomètres de voie en plein désert, côté Niger. Même rhétorique lors de sa visite à Niamey. « La rentabilité d'un projet de chemin de fer n'est pas évidente. Il faut des financements particuliers de type concessionnel, qui comportent un peu de dons », finit par reconnaître Patrice Talon.

Un train qui devrait siffler prochainement

Pour concilier les positions, Talon s'est donc rendu chez son voisin du Niger pour plaider le dossier de la CRCC. « L'envergure que nous souhaitons donner à ce projet ferroviaire, (il faut que) nous puissions aller chercher cette possibilité de financement par la coopération chinoise», plaide l'homme d'affaires-président. Pour le pousser plus loin, il avait consenti à dédommager Vincent Bolloré et Samuel Dossou pour faire placer à la Chine.

L'Empire du milieu devrait donc construire ou réhabiliter 1.000 des 3.000 kilomètres d'une boucle ferroviaire devant relier la Côte d'Ivoire, le Burkina Faso, le Niger, le Bénin et le Togo. L'étape de l'imbroglio juridique désamorcé, Patrice Talon en bon VRP de la Chine a semble-til convaincu son homologue du Niger. Les travaux devraient reprendre dans les prochaines semaines. Le train devrait enfin siffler entre les gares nigériennes et béninoises.

Ibrahima Bayo Jr.

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