Le parlement somalien rejette l'accord sur le port de Berbera signé au Somaliland

L'accord tripartite signé au début de ce mois entre le gouvernement de la République autoproclamée du Somaliland, l'Ethiopie et le groupe émirati DP Word pourrait n'avoir aucune valeur juridique. L'accord derrière une nouvelle tension entre Mogadiscio et le gouvernement somalilandais a été déclaré «nul et non avenu» par les parlementaires somaliens.
En mai 2016, le groupe émirati DP World avait signé avec le gouvernement de Somaliland un accord d'investissement de 442 millions de dollars pour le développement des activités de commerce et de logistique du port de Berbera.
En mai 2016, le groupe émirati DP World avait signé avec le gouvernement de Somaliland un accord d'investissement de 442 millions de dollars pour le développement des activités de commerce et de logistique du port de Berbera. (Crédits : DR.)

Comme l'on pouvait s'y attendre, le Législatif somalien vient de rejeter un accord tripartite signé au début du mois entre la République autoproclamée du Somaliland, l'Ethiopie et le groupe émirati DP World concernant le port de Berbera en le déclarant anticonstitutionnel et donc «nul et non avenu».

«Seul le gouvernement fédéral de Somalie peut s'engager dans des accords internationaux (...) Tous les ports et aéroports du pays sont propriété de la Nation et (...) personne ne peut revendiquer de manière privée leur possession », indique le Parlement dans une résolution approuvée par près de 99% des députés du pays (168 députés sur 170) et relayée par l'AFP.

Les parlementaires ne sont pas seulement prononcés sur le fond de l'accord, mais ont également sanctionné la DP World, signataire de l'accord, qui pourtant gérait aussi jusqu'alors le port de Bossaso, dans la région semi-autonome du Puntland, dans le nord-est de la Somalie. «La compagnie DP World a intentionnellement violé la souveraineté de la Somalie et elle est donc complètement interdite d'opérations en Somalie», ajoute le texte de la résolution du Parlement somalien.

Le Somaliland ne compte pas baisser les bras

Autoproclamé indépendant de la Somalie depuis près de 30 ans déjà, mais sans reconnaissance officielle, le Somaliland a toutefois anticipé sur les réactions de Mogadiscio. «Nous sommes prêts à défendre notre souveraineté face à cette invasion (...) Le Somaliland a le droit de décider dans quels accords il s'engage, sans consulter qui que ce soit», a déclaré avant même le vote de la résolution, le président somalilandais, Muse Bihi Abdi, cité par l'AFP.

La participation de l'Ethiopie dans la signature de cet accord a certainement amené à davantage de tension dans les relations entre Mogadiscio et Addis-Abeba. N'ayant directement pas accès à l'espace maritime, l'Ethiopie a sans doute voulu profiter de l'offre du Somaliland. «L'accord était bilatéral, à l'origine entre DP World et le Somaliland, et l'un comme l'autre ont le droit de vendre leurs parts si l'autre partie l'accepte. C'est la base sur laquelle l'Éthiopie a été autorisée à nous rejoindre», a expliqué le ministre somalilandais des Affaires étrangères, Sacad Ali Shire.

Pour rappel, l'accord en question a été signé entre la République autoproclamée du Somaliland, l'Etat éthiopien et la DP World, cette dernière était concessionnaire du port de Berbera depuis deux ans. L'accord stipule la division en parts de ce port très stratégique entre les trois partenaires : 19% pour l'Ethiopie, 30% pour le Somaliland et 51% pour la DP World. Le géant dubaïote de la logistique avait d'ailleurs annoncé son intention d'investir quelque 442 millions de dollars pour le développement de cette infrastructure stratégique pour la sous-région de l'Afrique de l'Est.

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