Tchad : malgré l’appel au dialogue de Déby, les fonctionnaires maintiennent leur mouvement de grève

La grogne sociale se poursuit au Tchad avec la poursuite de la grève des fonctionnaires qui en sont à leur sixième semaine de débrayage. Malgré la rencontre qu’ils ont eu en fin de semaine dernière avec le président Déby, les principaux syndicats des fonctionnaires ont décidé de poursuivre leur grève dès ce lundi, paralysant ainsi les services publics du pays.
Le 1er mars 2018, le président tchadien Idriss Déby Itno a tenu une rencontre avec les représentants des syndicats, une première depuis le début du mouvement de grève il y a six semaines.

C'est une fin de non-recevoir que les syndicats du secteur public ont opposé au président Idriss Déby Itno qui leur avait demandé de surseoir à leur mouvement de grève afin de permettre au gouvernement de sortir le pays d'une conjoncture économique délicate. Les principaux syndicats des fonctionnaires, dont les représentants ont été longuement reçus le jeudi 1er mars par le chef de l'Etat, ont pris tout leur temps pour finalement décider la poursuite de leur grève illimitée.

Avec ce lundi donc, les syndiqués entament leur sixième semaine de grève consécutive, paralysant ainsi l'essentiel des administrations et services publics. Les grévistes entendent à travers ce mot d'ordre contraindre le gouvernement à revenir sur les coupes de salaires opérées depuis le mois de janvier dernier afin de faire face à la grave crise que traverse le Tchad depuis des années. Pour les autorités, ces mesures d'austérité sont justifiées par l'assèchement des finances de l'Etat et l'objectif du gouvernement de faire face à l'explosion de la masse salariale qui accapare une grande partie des ressources budgétaires.

Jeudi dernier et selon le compte-rendu présenté par les syndicalistes, le président Déby a plaidé auprès des fonctionnaires pour qu'ils prennent conscience de la situation et reprennent le dialogue social, le temps que la situation se rétablisse. Selon un porte-parole de la plateforme des syndicats, le chef de l'Etat, qui rencontrait les représentants de ces derniers pour la première fois depuis le début du débrayage, a appelé à la reprise des activités et du dialogue, tout en assurant que les salaires du mois de février seront versés à temps, mais conformément aux dispositions de la nouvelle loi 032 sur la grève qui stipule que les jours de grève ne sont pas indemnises. De quoi amplifier la grogne des fonctionnaires pour qui l'Etat demande trop de sacrifices, alors que lui-même ne fait aucun effort pour réduire son train de vie.

[Lire aussi :  Tchad : Déby réduit son gouvernement de 37 à 24 membres pour braver la crise]

Bras de fer en vue

Le bras de fer risque donc de se poursuivre, car le gouvernement a été dès le début clair, le pays ne disposant pas actuellement de moyens financiers pour faire face à ses charges. Le président a même assuré les grévistes que c'est grâce à des dettes contractées auprès des pays voisins que le gouvernement est en train de payer les salaires, tout en annonçant que la sortie de crise est pour bientôt. Des assurances qui n'ont visiblement pas convaincus, comme en témoigne la poursuite du mouvement dont les organisateurs se disent satisfaits de sa réussite, puisque suivi à travers tout le pays.

Les syndicats comptent ainsi impacter l'économie par leur mouvement, afin de faire plier le gouvernement, d'autant que la grogne ne cesse de s'amplifier auprès d'autres organisations de la société civile, notamment les associations des consommateurs et les organisations professionnelles de secteurs stratégiques comme les transports. Régulièrement, des grèves et autres mouvements sont lancés et amplifient la tension sociale alors que parallèlement, c'est toute l'économie déjà mal en point qui se trouve presque paralysée.

Pour ajouter à la grogne, les partis politiques de l'opposition comptent également organiser une journée «ville morte» le lundi 12 mars. La coalition de l'opposition se greffe aux revendications des fonctionnaires et estime que le gouvernement veut faire des économies de 30 milliards Fcfa sur le dos des salariés du public alors que «des milliards sont cachés dans des paradis fiscaux».

Les grévistes et les opposants s'interrogent également sur la véritable destination des recettes générées par l'exploitation du pétrole depuis des années, avant la chute drastique du prix de l'or noir qui a plongé le pays dans la crise depuis 2014.

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