Zimbabwe : les fermiers blancs ne reprendront pas leurs terres confisquées dans les années 2000

Le chef de l'Etat zimbabwéen, Emmerson Mnangagwa, vient d'annoncer que les terres retirées aux fermiers blancs au début des années 2000, dans le cadre de la réforme agraire initiée par son prédécesseur Robert Mugabe, ne leur seront pas retournées. Mnangagwa s'inscrit ainsi en faux contre les informations relayées par la presse locale avançant que celui-ci prenait à contre-pied cette réforme encore très controversée à ce jour.
Une exploitation agricole de culture du tabac, le 28 novembre 2017, à l'est de la capitale zimbabwéenne Harare.
Une exploitation agricole de culture du tabac, le 28 novembre 2017, à l'est de la capitale zimbabwéenne Harare. (Crédits : Reuters)

Les décisions prises par Robert Mugabe, dans le cadre de sa réforme agraire initiée dans les années 2000, ne seront pas remises en cause par son successeur, le président en exercice Emmerson Mnangagwa. En substance, les terres retirées aux fermiers blancs à l'époque ne leur seront pas rendues. L'information vient du nouvel homme fort du pays lui-même qui s'est exprimé ce samedi 10 février cet épineux dossier :

«Il y a des journalistes qui écrivent que le nouveau régime veut que les fermes soient retournées aux Blancs, cela ne se produira pas », a précisé le président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa dans un discours retransmis en direct à la télévision nationale.

Pour le numéro 1 zimbabwéen, la rétrocession des terres n'est aucunement envisageable, car «la réforme agraire est irréversible», a-t-il ajouté. Mnangagwa confirme ainsi ses propos tenus quatre mois plus tôt, en novembre 2017, lors de son accession au pouvoir, alors qu'il présentait les projets agricoles qu'allait entamer l'Exécutif.

Les nouveaux propos du président Mnangagwa viennent semer la confusion dans le pays, démentant au passage les informations relayées par la presse et circulant actuellement sur la Toile qui faisaient état d'une éventuelle rétrocession des terres par la nouvelle administration.

Les informations relayées prenaient leur origine de propos tenus en décembre dernier par le ministre de l'Agriculture, Perence Shiri. «Tous ceux qui ont été installés illégalement sur ces terres doivent les quitter», avait déclaré le ministre. Il aurait même précisé que, fin janvier dernier, que la durée de bail des terres au devrait s'étendre de 5 à 99 ans. « Si nous voulons atteindre les objectifs fixés par le gouvernement et utiliser l'agriculture comme pilier de l'économie, nous devons garantir une bonne gestion des fermes», avait-il ajouté.

Terres et chômage, les défis du gouvernement 

Le foncier avec le chômage représente le plus grand défi sociopolitique au Zimbabwe. Dans un pays où l'agriculture constitue la première source de richesse et d'emploi, la gestion des terres est fréquemment au cœur des préoccupations, d'autant plus que le pays est à quelques mois des élections générales annoncées pour juillet 2018.

Selon la Fédération des syndicats du Zimbabwe, le taux de chômage a atteint 90% avec une croissance moyenne du PIB réel projetée à 1 % en 2018 et 1,2 % en 2019. L'économie encore confrontée aux défis structurels, ajoutés à la forte dette publique, le Zimbabwe fait partie des États les plus pauvres du monde. L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) estime que 4,1 millions de personnes sont en situation d'insécurité alimentaire au Zimbabwe. «Notre économie est à la peine. Le chômage est élevé, beaucoup de gens ne sont pas en mesure d'acheter des produits de base pour leur famille, et nos infrastructures datent», a reconnu le président Emmerson Mnangagwa.

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