RDC : un an après sa mort, l’inhumation suspendue d’Etienne Tshisekedi

Dans un des tiroirs de la morgue d’Ixelles à Bruxelles, une dépouille est au centre de tous les enjeux à Kinshasa. Un an après sa mort intervenue le 1er février, le corps d’Etienne Tshisekedi n’a toujours pas été mis en terre. Entre les blocages du régime de Joseph Kabila, la lutte de succession au sein de la formation politique du défunt ou les exigences de la famille biologique, le corps du défunt est « prisonnier » d’enjeux politiques macabres qui bloquent son inhumation dans la dignité.
Ibrahima Bayo Jr.
(Crédits : Reuters)

Même mort, l'ombre d'Etienne Tshsekedi plane toujours sur la situation politique confuse de la RDC. A la commémoration du premier anniversaire de sa mort, une messe prononcée par son frère Mgr Gérard Mulumba a été dite à la Cathédrale Notre-Dame de Lingwala, celle-là même d'où sont partis les manifestants gazés dans la répression du 31 décembre dernier. Mais la famille a voulu faire simple.

Négociations sur le rapatriement au point mort

Dans le programme de commémoration, la messe a été suivie d'un rassemblement restreint des proches à la résidence d'Etienne Tshisekedi puis d'une réunion à la permanence de l'UDPS, son parti. Une autre messe est prévue à Bruxelles ce week-end. Mais la famille a entamé un deuil sans dépouille.

« Comment allons-nous l'inhumer ? Les négociations entre la famille [biologique et politique, ndlr] et le pouvoir pour rapatrier le corps sont restées au point mort. Toutes nos propositions pour enterrer dignement le Président Tshsekedi ont été rejetées », confie un proche de la famille joint depuis Kinshasa par La Tribune Afrique.

Successivement, l'enterrement d'Etienne Tshisekedi au sein de la permanence de l'UDPS, sa mise en terre dans le carré familial de Kabeya Kamwanga, dans le Kasaï oriental, se sont heurtés au refus catégorique des autorités. Ces dernières avaient proposé dans un premier temps, un carré de 500 mètres carrés au cimetière de la Gombe. « Non », avait répliqué la famille politique. En désespoir de cause, la famille biologique, « Maman » Marthe sa veuve en tête, avait même proposé de prendre à ses frais, l'enterrement. Sans réponse.

40.000 euros de frais annuels et un « deuil sans fin »

Le silence du Palais, c'est désormais à cela que se heurte l'inhumation, plusieurs fois annoncée puis reportée ou annulée faute d'accord. Un blocage qui continue de générer des frais pour la famille. Selon nos informations, la famille d'Etienne Tshisekedi a réglé une facture comprise entre 35.000 et 40.000 euros à titre de frais annuels de conservation et de réfrigération de la dépouille à la morgue d'Ixelles.

Dernière piste face aux blocages, une inhumation du défunt à Bruxelles. A Kinshasa, les mauvaises langues laissent entendre que le corps d'Etienne Tshisekedi aurait déjà été enseveli dans la capitale belge, au moins « provisoirement ».« La famille notamment Maman Marthe ne veut pas qu'Etienne Tshisekedi soit enterré loin de son pays natal, élude un membre de la famille.

Cela impliquerait pour elle de prendre tout le temps l'avion pour se recueillir sur la tombe de leur mari, père, frère...En plus, la famille n'imagine pas priver ceux qui aiment le défunt d'un endroit pour pouvoir lui rendre les honneurs pour tout ce qu'il a fait pour eux », complète notre source. Pour autant, la famille se dit « optimiste » quant au retour du corps en RDC. « Il faut cependant imaginer que c'est pénible pour la famille d'être empêché d'inhumer un être cher. On ne vit pas bien cette période de deuil sans fin !»

Ibrahima Bayo Jr.

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