Massacre en Casamance : seize suspects déférés devant le parquet

Leur garde à vue plusieurs fois prolongée sous les protestations a finalement connu son épilogue. Dans le cadre de l’enquête sur le massacre de la forêt de Bourofaye, la Gendarmerie sénégalaise a finalement décidé de déférer seize des vingt-deux suspects devant le parquet pour répondre du meurtre sanglant de 14 coupeurs de bois en Casamance. Désormais, tout semble indiquer que ce crime crapuleux serait lié au trafic illicite de bois.
Ibrahima Bayo Jr.
16 suspects dans le massacre de Bourofaye ont été déférés dans la matinée de ce 19 janvier devant le tribunal de Ziguinchor (sud du Sénégal).
16 suspects dans le massacre de Bourofaye ont été déférés dans la matinée de ce 19 janvier devant le tribunal de Ziguinchor (sud du Sénégal). (Crédits : DR)

L'enquête sur le massacre de Bourofaye entre dans sa phase déterminante. Après une garde à vue exceptionnellement prolongée, les 22 suspects (dont une femme), arrêtés il y a une semaine, ont été fixés ce vendredi 19 janvier sur leur sort. Six de ces suspects ont été relâchés «sans charge», tandis que seize autres ont été déférés en fin de matinée, sous très haute escorte, devant le tribunal de Ziguinchor (sud du Sénégal).

Lourdes charges

En se basant sur les procès-verbaux des auditions, les conclusions préliminaires de l'enquête,  Alioune Abdoulaye Sylla, le procureur de la République, devra décider des chefs d'inculpation à l'encontre des suspects, pour la plupart membres du comité de vigilance et de surveillance de la forêt. Mais pour l'heure, la gendarmerie sénégalaise a déposé sur la table du procureur quatre infractions retenues : «association de malfaiteurs, assassinats, participation à un mouvement insurrectionnel et détention d'armes sans autorisation».

Désormais, le champ pour identifier les auteurs, les commanditaires du massacre sanglant des 14 coupeurs de bois dans la forêt classée de Bayottes, se rétrécit. Les hypothèses d'une menace terroriste qui aurait pris pied au Sénégal, d'un raid du MFDC (rébellion active depuis 1982) semblent écartées. La piste la plus plausible pour le moment reste celle d'un crime crapuleux lié au trafic de bois de teck dans les forêts de la Casamance, région verdoyante et frontalière de la Gambie et de la Guinée-Bissau.

La piste oubliée de la complicité de hauts fonctionnaires ?

La provenance des suspects (comité de surveillance de la forêt) semble accréditer cette thèse, tout comme cette annonce du dernier Conseil des ministres qui a décidé de suspendre le Code forestier en vigueur au Sénégal, en attendant sa révision par le législateur. Pour autant, la traque d'éventuels complices ou commanditaires encore en liberté n'est pas abandonnée.

En collaboration avec l'armée bissau-guinéenne, l'unité de commando de l'armée sénégalaise a mené de larges ratissages dans les forêts à cheval sur les 350 km de frontière entre les deux pays. De même, la task force du Groupe d'intervention de la gendarmerie (GIGN) et de la Légion de gendarmerie d'intervention (LGI) vont continuer la poursuite des opérations de recherches.

La seule question à laquelle l'enquête ne répond ni ne fournit de pistes est celle d'une complicité des assassins avec des hauts fonctionnaires locaux. Les limiers du procureur ne vont peut-être pas tarder à fournir des éléments de réponse.

Ibrahima Bayo Jr.

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Commentaire 1
à écrit le 20/01/2018 à 21:30
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A Mon Avis Je Croie Que L'afrique Est Un Continent Plus Maudit Avec La Pauvréte Et Les Conflit Par Si Et Par Là

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