Liberia : pourquoi Ellen Johnson Sirleaf, la présidente sortante, a été exclue de son parti

Ellen Johson Sirleaf, la présidente sortante du Liberia, a été exclue par son parti à 8 jours de la passation de service avec son successeur. Le Parti de l’unité lui reproche d’avoir avantagé le nouveau président élu, Georges Weah, au détriment de son vice-président Joseph Boakai, le candidat malheureux du parti jusque-là au pouvoir.
(Crédits : Reuters)

La fin de règne s'annonce peu reluisante pour Ellen Johnson Sirleaf. La présidente sortante a été exclue ce weekend par son propre parti. Le Parti de l'Unité lui reproche, ainsi qu'à plusieurs autres membres de sa direction, d'avoir joué double jeu lors de la dernière présidentielle qui a vu la victoire de Georges Weah contre Joseph Boakai. Ce dernier n'était autre que le vice-président d'Ellen Johnson Sirleaf pendant son mandat et candidat du parti de l'Unité qui a perdu au second tour face à la star du football africain, lequel s'apprête à prêter serment le lundi 22 janvier prochain.

Dans un communiqué publié ce dimanche par son Comité exécutif, le parti de l'Unité a  annoncé « le vote de l'exclusion » de Sirleaf ainsi que de trois autres de ses dirigeants. « Le comportement des personnes exclues constitue également un sabotage et a nui à l'existence du parti » précise le communiqué rapporté par l'AFP. La présidente sortante et ses compagnons d'infortune sont notamment accusés de « violations de la Constitution du parti », de n'avoir pas suffisamment mouillé le maillot pour battre « campagne aux élections pour le candidat du Parti de l'unité »  ainsi que « d'autres actions attentatoires à l'existence ou la réputation du parti ». La charte du parti stipule, en effet que « pendant les élections, les militants ont le devoir de soutenir le candidat du parti en faisant campagne pour lui, à lui fournir tout soutien en leur pouvoir et à se comporter de manière à procurer la victoire pour leur formation politique ».

Divisions au sein de la nouvelle opposition

Le candidat malheureux Joseph Boakai avait été élu en 2006 sur le même ticket présidentiel que la première femme élue à la tête d'un pays en Afrique et également prix Nobel de la paix.

Les deux têtes de l'exécutif ont été de nouveau réélu en 2011 et tout laissait à croire que Joseph Boakai allait bénéficier d'un retour d'ascenseur et ainsi succéder à la présidente libérienne. Les allégations sur le jeu trouble de Sirleaf ont commencé depuis le début de la campagne électorale, Boakai a même déclaré lors du second tour que le soutien que lui apportait la présidente sortante « n'était pas satisfaisant ». Si elle a depuis réfuté ses accusations Ellen Johson Sirleaf ne s'est en tout cas pas montré avec son vice-président durant toute la campagne du premier et du second tour.

Les accusations ont été jusqu'à lui coller la responsabilité d'avoir influé sur les résultats de l'élection en faveur de Weah en recevant notamment à son domicile des membres de la commission électorale. Toutefois, certains observateurs estiment que Joseph Boakai s'est lui-même délibérément démarqué de la présidente afin de ne pas être handicapé par le « côté sombre » des deux mandats de Sirleaf marqué par des accusations de corruption mais aussi la situation socio-économique qui laisse encore à désirer après plus de dix ans de présidence.

Ellen Johnson Sirleaf n'a pas encore réagit à son exclusion, mais à 79 ans et après une carrière bien remplie, elle n'a presque rien à perdre même si les signes de division qui apparaissent dans son parti, désormais dans l'opposition, s'annone comme favorable à George Weah. Il n'en demeure pas moins que malgré son bilan qui peut soulever des critiques, la présidente sortante peut se targuer d'avoir réussi la première alternance démocratique dans ce pays qui a connu plus de décennies de guerre civile avant son arrivée au pouvoir.

De quoi lui présager un prochain rôle de médiatrice pour les organisations internationales notamment le clan des « Elders », les anciens présidents africains régulièrement sollicités pour des missions de bons offices ou d'observation des élections par les organisations sous-régionales ou même l'Union africaine (UA) où ses compétences et son expérience peuvent servir.

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