Massacre en Casamance : deuil national et spéculations sur les mobiles des assaillants

La tragédie s’est passée samedi dernier dans les profondeurs de la forêt casamançaise. Après le déchirement des familles, le Sénégal tout entier va observer un deuil national de deux jours à la mémoire des 13 jeunes massacrés dans une forêt de la région de Ziguinchor, au sud du Sénégal, par une bande armée non encore identifiée. Sur ce point, l’incompréhension et les interrogations demeurent sur les mobiles et l’identité des assaillants. Les détails.
Ibrahima Bayo Jr.
Au Sénégal, un deuil de deux jours a été décrété sur l'ensemble du territoire à partir de ce lundi 8 janvier.
Au Sénégal, un deuil de deux jours a été décrété sur l'ensemble du territoire à partir de ce lundi 8 janvier. (Crédits : Reuters)

Du côté de l'Etat, il a fallu coordonner la mise en berne des drapeaux sur les édifices publics et les représentations diplomatiques à l'étranger. Le gouvernement sénégalais a aussi dû prendre les décrets nécessaires à l'observation du deuil sur tout le territoire.

Deux jours après le massacre de 13 coupeurs de bois dans la forêt de Bayottes, à quelques encablures de la frontière avec la Guinée-Bissau, Ally Ngouille Ndiaye, le ministre de l'Intérieur, conduit une délégation dans la région pour épauler les familles. Parallèlement, le pays observe un deuil national de deux jours à partir de ce lundi 8 janvier.

Sur fond de deuil national, le pays traque des assaillants

«Pendant cette période, le drapeau national est en berne et des minutes de silence sont observées durant toutes les cérémonies officielles. Les rassemblements et autres cérémonies de réjouissance sont interdits sur toute l'étendue du territoire national», énonce un communiqué daté du 7 janvier et émis par le Secrétariat du gouvernement sénégalais.

Pour le contexte, 13 coupeurs de bois ont été froidement abattus ce samedi 6 janvier par une bande armée dans la forêt classée de Bayottes, à 17 km au sud de Ziguinchor, en Casamance (sud du Sénégal). Originaires de Bourofaye Diola en Basse-Casamance, les coupeurs de bois ont été victimes d'une embuscade d'hommes non encore identifiés dans cette région où sévit depuis 1982, la rébellion du Mouvement des Forces démocratiques de la Casamance (MFDC).

Néanmoins, le deuil est entouré de zones d'ombres et d'impatience sur l'identité et surtout les mobiles des assaillants qui ont utilisé des armes lourdes. Leur traque lancée par une unité de commando parachutiste de l'armée sénégalaise se poursuit sans qu'on ait un état de l'avancement ni des conclusions préliminaires de l'enquête.

Au-delà du deuil, spéculations sur les mobiles des assaillants

Dans un pays endeuillé, l'émotion semble avoir pris le dessus pour alimenter un faisceau de spéculations. Les coupeurs de bois sont-ils tombés dans une embuscade des rebelles du MFDC dans cette forêt donnée pour être le lieu de repli dans le «front dormant» ? Malgré ses démentis et même ses condoléances, le mouvement irrédentiste est au centre de l'attention. Autre question, les victimes ont-elles été massacrées par des villageois fatigués de voir leur écosystème décimé par la coupe abusive de bois ? Hypothèse peu probable au vu des armes utilisées.

Les 13 «martyrs» de Bayottes ont-ils été liquidés pour avoir été des témoins -ou concurrents- gênants pour les seigneurs locaux qui vivent du trafic du bois de teck, exporté vers la Chine, via la Gambie voisine ? C'est une hypothèse que peu d'éléments alimentent. Reste une dernière que ni le gouvernement ni même l'opinion ne veulent poser : au cœur d'une menace terroriste plusieurs fois annoncée et chaque fois démentie, le Sénégal vient-il de connaître une infiltration de réseaux qui ont profité de la porosité des frontières pour prendre pied dans le pays ?

Difficile de répondre avec précision à cette question. Mais quel autre lieu plus propice pour des apprentis terroristes qu'une région donnée pour instable pour infiltrer un pays ? Le Sénégal retient son souffle. Dans l'inquiétude, les Sénégalais attendent que les conclusions de l'enquête viennent confirmer ou lever ces doutes. Définitivement !

Ibrahima Bayo Jr.

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