Afrique du Sud : le «cas Zuma» aggrave les dissensions au sein de l'ANC

Le parlement sud-africain s’apprête à répondre favorablement à la Cour constitutionnelle en annonçant le démarrage prochain de la réforme des mesures encadrant les motions de censure visant le chef de l’Etat. Parallèlement, le nouveau patron de l’ANC tente de forcer le départ de Jacob Zuma, tout en essayant de maintenir souder un parti de plus en plus divisé entre pro et anti-Zuma.
Cyril Ramaphosa essaye de maintenir l'unité de l'ANC en tendant la main à sa rivale, Dlamini-Zuma, tout en maintenant la pression sur Jacob Zuma.
Cyril Ramaphosa essaye de maintenir l'unité de l'ANC en tendant la main à sa rivale, Dlamini-Zuma, tout en maintenant la pression sur Jacob Zuma. (Crédits : Reuters)

Le parlement sud-africain vient d'annoncer qu'il réexaminerait ses dispositions relatives aux motions de censure dédiées au président de la République. Cette révision de la procédure de destitution du chef de l'Etat vient après que la Cour constitutionnelle a statué le 29 décembre dernier que les parlementaires avaient failli mener à bout la procédure de reddition des comptes à l'encontre de Jacob Zuma.

Le parlement revoit sa copie sur l'impeachment

Une sous-commission parlementaire devrait se réunir cette semaine pour discuter des changements à apporter à la section de la Constitution relative à la destitution du chef de l'Etat. Une fois les travaux de la sous-commission arrivés à terme, le projet de réforme devrait être débattu en séance plénière. Le président Jacob Zuma a pour rappel tenu bon face à plusieurs motions de censure lors des deux dernières années.

Principalement liées à des allégations de corruption, ces motions ont toutes échoué. La dernière en date remonte au mois d'août dernier et avait même permis le recours au vote secret par les parlementaires. Cette situation menace l'unité de l'ANC, alors que la tension ne fait qu'augmenter entre les factions au sein du parti qui s'éloignent de plus en plus les unes des autres sur l'avenir du président dont le mandat s'achèvera en 2019.

Des luttes internes qui ont poussé Cyril Ramaphosa, nouveau patron du parti, a adressé un message d'unité aux membres de l'ANC. Malgré ce message d'apaisement et un soutien de façade au chef d'Etat, les alliés de Ramaphosa continuent d'exercer des pressions sur les instances partisanes pour décrocher une fin de mandat anticipée de Jacob Zuma. Les options des adversaires du président sud-africain ne se limitent pas à l'impeachment législatif, mais ces derniers comptent également sur la possibilité de recours au Comité exécutif national (CEN) de l'ANC pour destituer le président.

Ramaphosa tente de maintenir le parti soudé

Pour rappel, Jacob Zuma avait lui-même orchestré le limogeage de son prédécesseur Thabo Mbeki à la tête de l'Etat en 2008, avant de prendre la tête de l'ANC. Conscient des risques électoraux que représente l'aggravation des divisions internes, Ramaphosa vient de tendre la main à Dlamini-Zuma, sa rivale, lors des élections internes en reprenant ses appels d'union. «Nous devons nous débarrasser du factionnalisme. Nous ne voulons pas d'un Congrès national africain divisé», a déclaré Ramaphosa, lors des célébrations du 106e anniversaire du parti au Kwa-Zulu Natal, fief de Zuma et Dlamini-Zuma.

Le nouveau leader du parti a également fait sienne la proposition de sa rivale de redistribuer les terres agricoles détenues par la minorité blanche à la majorité noire, tout en maintenant sa position anti-corruption. Ramaphosa essaye ainsi «d'équilibrer» les priorités des deux factions les plus importantes au sein de l'ANC, tout en se démarquant de sa rivale sur les modalités qui devraient entourer la redistribution des terres, privilégiant une procédure «économiquement viable» à une confiscation pure et simple.

Tout le défi pour le président de l'ANC reste de maintenir l'unité de son parti, tout en poussant vers la sortie un Jacob Zuma devenu encombrant et battant des records d'impopularité, alors que l'opinion publique est de plus en plus échaudée par la série de scandales de corruption, la faiblesse de la croissance économique ou encore un taux de chômage atteignant près de 28%. Un cocktail explosif qui fait craindre à l'ANC une première défaite électorale depuis la fin de l'apartheid en 1994.

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