Sénégal : troublantes coïncidences autour du procès Khalifa Sall

Drapé dans son inévitable boubou blanc, Khalifa Sall a pénétré dans le prétoire du Palais de justice de Dakar, bunkerisé depuis la veille. Mais la première audience du maire de Dakar, incarcéré depuis le 7 mars sur des soupçons de détournements de deniers publics de la « caisse d’avance » municipale, charrie avec elle, un remugle de coïncidences qui se sont succédées avant le procès en correctionnelle, à peine ouvert déjà reporté au 23 janvier prochain. Les détails.
Ibrahima Bayo Jr.

Sous les acclamations de ses partisans, arrivés très tôt au prétoire numéro 4, Khalifa Sall a fait une entrée remarquée. L'édile de la capitale fêtait deux jours plus tôt ses 62 ans dans le confort spartiate de sa cellule de Rebeuss, la prison urbaine la plus peuplée du Sénégal. Plusieurs coïncidences ont plané sur cette première audience en correctionnelle qui vient d'être reporté au 23 janvier sur demande de la défense qui veut mieux préparer ce dossier.

Exclusion du PS, levée d'immunité, joute épistolaire

Le parti socialiste (PS) qui a donné deux présidents au Sénégal -Senghor et Diouf- dans lequel Khalifa Sall milite depuis sa jeunesse lui a donné un "cadeau" d'anniversaire avant l'heure au maire de la capitale. Le 30 décembre dernier, le bureau politique du parti a égrené un chapelet de violations du règlement de l'ancien parti unique pour justifier l'exclusion de 65 membres.

Dans le lot, Khalifa Sall et plusieurs de ses proches ou de ses soutiens. Mais à Dakar, personne n'est dupe. De l'avis de plusieurs commentateurs politiques, Ousmane Tanor Dieng, le SG national du PS, membre de la mouvance présidentielle, donne des gages au pouvoir de Macky Sall.

Autre coïncidence, la réponse au vitriol d'Aliou Sall au maire de Paris, en sa qualité de président de l'association des maires du Sénégal (AMS). Proche d'une joute épistolaire, le frère aîné de Macky Sall a choisi la veille de l'ouverture du procès Khalifa Sall pour apporter la réplique à Anne Hidalgo qui avait commis l'imprudence d'apporter son soutien au maire de Dakar et d'adresser des remontrances à la justice sénégalaise.

Sans bouclier, Khalifa Sall seul dans les couloirs du Palais de justice

Auparavant, le 25 novembre dernier, après un débat de légitimité particulièrement houleux, le parlement a voté la levée de l'immunité parlementaire de Khalifa Sall, réélu député lors des législatives de juin 2017. Le dernier rempart à un procès ordinaire venait alors d'être levé. Aussi, l'audience de ce 3 janvier devrait permettre au nouveau juge Malick Lamotte de plancher sur le fond d'une longue liste d'accusations.

Les premières anicroches pourraient venir des exceptions et des violations de procédures que va soulever le pool d'avocats (sénégalais et étrangers) constitué autour du maire de la capitale qui va désormais au procès sans bouclier face au Procureur de la République Serigne Bassirou Guèye, pressé de plonger dans le fond du dossier. Le procès qui vient de s'ouvrir pourrait s'éterniser. Une longue marche de Khalifa Sall dans les sombres couloirs de la justice sénégalaise.

Ibrahima Bayo Jr.

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