C'est confirmé, l'ancien président malien Amadou Toumani Touré (ATT) va rentrer au bercail ce dimanche du réveillon de Noël. C'est ce qu'a assuré le président Ibrahima Boubacar Keita (IBK) ce vendredi 22 décembre, en marge de la Journée nationale des maires du Mali à Bamako.

«Nous avons estimé le moment venu de demander à notre jeune frère, Amadou Toumani Touré, de revenir au Mali. Nous l'avons fait pas en calcul politicien, je ne suis pas un politicien, je suis un homme au service de son peuple tout court», a déclaré le chef d'Etat malien devant des maires des 700 communes que compte le pays.

Selon IBK, il s'agit aussi et avant tout, d'une question de dignité et de républicanisme. «Lorsque la CEDEAO a estimé devoir contribuer à sa sauvegarde en demandant à mon cadet Macky Sall de l'y aider, Macky a envoyé son avion le chercher. Nous ne pouvons pas être en reste de dignité et de républicanisme en ne faisant pas à notre tour le geste inverse», a-t-il indiqué, poursuivant que ce dimanche 24 décembre, son avion ira chercher ATT pour le ramener au Mali. «Et en bon cadet, il a décidé de déjeuner ce jour-là avec son grand frère, en ma résidence», a ajouté le président malien IBK.

Déposé du pouvoir en 2012 par la junte militaire dirigée par le capitaine Amadou Aya Sanogo, ATT (69 ans) vivait depuis en exil au Sénégal, par crainte pour sa vie. Il avait été menacé de jugement pour «haute trahison» devant la Haute cour de justice pour sa gestion de la rébellion touarègue, avant de se voir blanchi par l'Assemblée nationale fin 2016. Selon la presse locale, l'avion qui le ramènera à Bamako atterrira aux environs de 10 heures à l'aéroport de la capitale malienne. Il sera accompagné de son épouse Lobbo Touré, avec qui il ira déjeuner au domicile personnel d'IBK dans le quartier de Sébénikoro.

Au nom de la paix, pas de la politique

Cette décision du président IBK de faire revenir son «jeune frère» intervient à huit mois des élections présidentielles de juillet 2018. Et dans un contexte de tension où les partisans d'ATT sont encore nombreux et réclament avec insistance son retour, certains soupçonnent IBK d'avoir pris cette décision pour des raisons électoralistes et pour la paix. «Faux !», rétorque le président lui-même.

«Il (ATT, NDLR) a quitté le pouvoir de manière légale. C'est pourquoi, au nom du Mali, je l'ai décidé. Je dis : "Mon cher cadet, il est temps de revenir, le climat me semble favorable". Il est temps que nous dépassions les petites passions. Le Mali d'aujourd'hui a besoin de cela », a assuré le président IBK.

«Donc, tout ce que ce pays a d'esprit saint est appelé à prier pour nous, dans l'esprit qu'Allah sait, mon cœur sait, cela suffit. Si son retour n'apaise pas le pays, il n'ajoutera pas aux problèmes du pays», a ajouté IBK, fortement applaudi par les élus locaux.