Nouvel attentat à Mogadiscio : les Shebab signent-ils leur retour dans la capitale somalienne ?

Après une guerre longue et asymétrique, les 22 000 hommes de l’Amisom, la force de l’Union africaine, avaient réussi en août 2011 à repousser le groupe al-Shaba en lui reprenant plusieurs de ses bastions. Mais avec la multiplication des attentats jusque dans le cœur de Mogadiscio, l’organisation terroriste affiliée à al-Qaïda signe-t-elle son retour dans la capitale somalienne ?
Ibrahima Bayo Jr.
Le 14 octobre 2017, un attentat au camion piégé dans la capitale somalienne Mogadiscio, el plus meurtrier de l'histoire du pays, a fait 512 morts et plus de 300 blessés.

Jeudi 14 décembre à Mogadiscio. Sur la place ouverte du plus important camp d'entraînement de la police somalienne, des policiers se concentrent sur l'exécution de ce qui sera, pour certains en tout cas, leur dernière parade militaire.

«Un homme portant une ceinture d'explosifs est entré dans le camp déguisé en policier et s'est fait exploser», raconte à la presse, Mohamed Abdulle, un policier somalien. Dans son attentat-suicide revendiqué par les Shebab, le kamikaze emporte au moins 18 policiers et en blesse 15 autres, selon un bilan encore provisoire.

Les Shebab se rapprochent dangereusement de Mogadiscio

Ce nouveau coup de sang intervient alors qu'un comité mis en place par l'Etat n'avait pas achevé d'établir à 512 morts et plus de 300 blessés dans l'attentat qui a frappé Mogadiscio, le 14 octobre dernier, le plus meurtrier de l'histoire du pays. Et comme si le compteur macabre ne s'arrêtait pas de tourner, un attentat à la voiture piégée en pleine capitale a coûté la vie à un journaliste de la chaîne Kalsan TV, le cinquième journaliste éliminé cette année par les terroristes Shebab.

Une multiplication des attentats imputés -revendiqués pour certains- au groupe rebelle al-Shabab, devenu une organisation terroriste depuis son affiliation à al-Qaïda. Le groupe terroriste qui contrôle une bonne partie de la Somalie avait été chassé de Mogadiscio en août 2011, sous les balles des soldats de la Mission de l'Union africaine en Somalie (Amisom). Mais il semble vouloir signer son retour dans la capitale somalienne, véritable prise de guerre dans l'affirmation de son «hégémonie».

Après avoir été bouté de la plupart de ses bastions urbains, al-Shabab avait amorcé une reconquête de «ses» territoires perdus, depuis la prise fin octobre de Goofgaduud, une petite ville située à 250 km de Mogadiscio. Une prise stratégique pour une progression vers la capitale où il a juré la perte du gouvernement de Mohamed «Formajo», élu après un laborieux processus démocratique.

«Stratégie globale» pour éliminer l'hydre terroriste

Pour al-Shabab, l'enjeu est d'abord d'étouffer la concurrence de Daesh qui s'est emparée début octobre de la ville portuaire de Qandala au nord-est de la péninsule somalienne. Même si une alliance formelle entre les deux groupes n'a pas encore été signée, leur présence a contribué à compliquer la situation sécuritaire dans le pays.

Le retrait définitif de l'Amisom, annoncé en 2020 pour amorcer une politique de «main tendue» à al-Shabab pour le retour de la paix, a été revu au profit d'un discours plus musclé contre le groupe terroriste. Pour mener la contre-offensive, l'UA et l'ONU ont convenu, lors d'une réunion en novembre dernier à Washington, d'une «solution globale» menée conjointement par l'UA et le fragile gouvernement somalien.

Dans ce sens, le président Mohamed Abdullahi Mohamed a mené une tournée sous-régionale pour tenter de réunir ses voisins du Kenya, d'Ethiopie, de Djibouti, du Soudan et d'Ouganda pour mettre en place une super-alliance contre le groupe terroriste. L'enjeu est plus global que la sécurité intérieure de la Somalie. Plus que la tête qui regarde en direction de Mogadiscio, c'est l'hydre terroriste qu'il faut éliminer.

Ibrahima Bayo Jr.

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