Libye : des élections possibles en 2018, selon l’ONU

L’envoyé spécial de l’ONU pour la Libye a proposé aux acteurs politiques du pays de s’engager pour l’organisation des élections en 2018. Pour Ghassan Salamé, la baisse d’ingérence extérieure devrait servir d’opportunité pour la tenue des élections. Cette issue parait pourtant assez fort probable puisque sur le terrain, le contexte politique n’est toujours pas propice à un accord des principaux protagonistes de la crise que traverse le pays depuis 2011.
Ghassan Salamé, l’envoyé spécial de l’ONU pour la Libye.

Des élections en Libye en 2018, c'est ce que propose l'ONU à travers son représentant spécial dans le pays. Intervenant lors de la conférence MED qui s'est ouverte depuis jeudi dernier à Rome, Ghassan Salamé a fait part de cette proposition de sortie crise ce samedi dans la capitale italienne. La proposition s'adresse aux acteurs politiques du pays et selon l'envoyé onusien, le contexte s'annonce des plus favorables au regard de la baisse des ingérences extérieures. « Je pense qu'il y a beaucoup d'ingérence en Libye. Mais cette ingérence a diminué et les Libyens devraient saisir cette opportunité pour organiser des élections. Les Libyens doivent se rassembler et construire des institutions permanentes » a plaidé Ghassan Salamé dans des propos rapportés par l'AFP.

Ce n'est pas la première fois que l'idée d'organiser des élections en 2018 a été mise sous la table comme c'était le cas lors de la rencontre organisée plutôt à Paris entre les deux principaux protagonistes de la crise à Paris sous l'égide du président français Emmanuel Maroc. A cette occasion, le chef du gouvernement d'union nationale (GNA), Fayez El Saraj et le maréchal Khalifa Haftar se sont engagés à tout mettre en œuvre pour réunir les conditions, mais au fil du temps, cette perspective est devenue de plus en plus caduque en dépit des efforts de l'ONU.

Le processus politique continue à faire du surplace

Les autorités de Tripoli qui sont reconnues par la communauté internationale ainsi que celle de Tobrouk du maréchal Haftar continuent à se disputer le pouvoir alors que de nombreuses milices font régner la loi dans plusieurs régions du pays.

La proposition de l'envoyé spécial de l'ONU d'organiser des élections l'an prochain s'inscrit dans le cadre du plan d'action qu'il a présenté en septembre devant le conseil de sécurité des Nations unies. D'après ses explications, la mission de l'ONU en Libye (MINUL), « travaille activement à préparer le terrain pour des élections libres et justes ».  En reconnaissant que  la tenue de ces élections tant attendue a « besoin d'une vraie préparation » notamment  en termes de sécurité sur le terrain, d'inscription sur les listes électorales ou encore de loi électorale, certains observateurs s'accordent à dire que l'ONU n'y croit vraiment pas à un tel scénario. Toutefois, c'est une manière de mettre la pression sur les acteurs de la crise libyenne alors que le processus semble faire du surplace depuis des années.

D'autres conditions sont également à réunir pour accorder les violents des principaux protagonistes notamment la conférence nationale prévue en principe en février 2018. « Nous avons besoin que les acteurs politiques acceptent le résultat des élections avant que celles-ci aient lieu » s'est justifié le diplomate libanais s'après qui si toutes ces conditions sont remplies avant l'été, il serait alors possible d'organiser les élections.

Pression internationale

Lors de la présentation de sa proposition, Ghassan Salamé a tenu à rappeler que tous les acteurs politiques en Libye s'étaient prononcés en faveur de ces élections. En ce sens, il a annoncé qu'il rencontrera prochainement  l'homme fort de Tobrouk afin de poursuivre les concertations conformément à la feuille de route validée par le conseil de sécurité de l'ONU.

 La feuille de route, présentée le 20 septembre dernier par le chef de l'ONU, Antonio Guterres, comprend un plan de sortie de crise en Libye qui prévoit un amendement de l'accord politique libyen et l'organisation d'une  conférence nationale en vue de rassembler les différentes parties libyennes autour d'un cadre institutionnel pour aboutir à des élections en 2018.

Vendredi dernier, le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson a reçu à Washington, le Premier ministre libyen Fayez al-Sarraj, et lui a réaffirmé le soutien total des Etats-Unis à son gouvernement d'union nationale (GNA) et à l'accord sur la transition politique, conclu à Skhirat au Maroc en 2015.  L'Accord de Skhirat demeure  « le seul cadre viable pour une solution politique » durant le processus de transition en Libye et toutes « les tentatives visant à contourner le processus politique facilité par l'ONU ou à imposer une solution militaire au conflit ne feraient que déstabiliser la Libye et créer des opportunités pour l'Etat islamique et d'autres groupes terroristes de menacer les Etats-Unis et ses alliés », a réitéré la porte-parole du département d'Etat, Heather Nauert.

La pression internationale s'accentue donc sur les acteurs politiques libyens afin de les pousser vers une sortie de crise qui s'éternise depuis 2011 et la chute de Khaddafi mais à l'heure actuelle, aucun indice sérieux ne permet d'anticiper sur l'organisation d'élections l'année prochaine.

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