Mali : proche d’IBK, le ministre de la justice rend le tablier

Le ministre de la justice malienne Mamadou Konaté a démissionné dans la soirée de lundi après qu’une décision de la Cour d’appel ait acquitté un activiste et artiste pourtant condamné en première instance. Il a été aussitôt remplacé par un ancien magistrat, Hamidou Younoussa Maïga, afin de fermer la parenthèse. Un coup dur pour le président Ibrahim Boubacar Keïta dont le ministre démissionnaire était proche.
Mamadou Konaté, désormais ancien ministre de la Justice du Mali

C'est un nouveau coup dur pour le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) qui n'a pas perdu de temps pour clore l'épisode. Quelques instants après la démission du ministre de la justice Mamadou Konaté en poste jusqu'à ce lundi, le président malien l'a remplacé par l'ancien magistrat Hamidou Younoussa Maiga sans toucher à son gouvernement.

La démission du ministre fait suite à un arrêt rendu dans la même journée par la Cour d'appel de Bamako dans l'affaire du chanteur et activiste « Ras Bath » très populaire dans le pays et surtout très critique envers le régime. De son vrai nom Mohamed Youssouf Bathily, Ras Bath a été condamné en première instance à 12 mois de prison assortis de 100 000 francs d'amende, « pour incitation à la désobéissance des troupes ». En Août dernier et en pleine fronde contre le référendum voulu par IBK et dont il était l'un des pourfendeurs les plus actifs et médiatisés, le chanteur qui est également chroniqueur dans un média de la place avait évoqué la situation qui prévaut dans l'armée mettant en avant certaines insuffisances qui ne lui permettaient pas d'accomplir sa mission. Il avait été interpellé à l'époque, ce qui a provoqué des manifestations dans la capitale.

Ayant fait appel, il vient d'être acquitté « faute de preuves ». La décision n'a pas été du goût du ministre de la justice démissionnaire qui dans une lettre a déclaré prendre « acte de cet arrêt en même temps qu'il prend toute la mesure de son sens ».

« Je fais le constat de l'impossibilité de poursuivre ma mission à travers des actions efficaces, vigoureuses pour préserver les libertés et poursuivre leurs violations, pour défendre les deniers dissipés et les intérêts publics compromis et mettre en œuvre des actions idoines, pour poursuivre le crime de sang contre l'impunité » s'est justifié le désormais ex-ministre avant d'ajouter que « pour qu'aucune action non accomplie ne le reste plus longtemps au sein de ce département, j'ai décidé de vous présenter ma démission en tant que ministre de la justice pour reprendre ma liberté ».

Bisbilles gouvernementales

Avocat de profession, Mamadou Ismaël Konaté est un proche et une pièce maîtresse dans le système IBK. Ayant rejoint le gouvernement en juillet 2016, il était auparavant en charge des affaires juridiques au Palais de Koulouba depuis 2013. C'est d'ailleurs lui que le chef d'Etat malien a choisi pour présider le comité d'experts chargé de la réforme constitutionnelle.

S'il a bien motivé sa décision, certaines de ces déclarations ne sont pas passées inaperçue auprès des observateurs de la scène politique malienne. « Je note l'attente du régime de passer par un tel chemin vers l'apaisement et l'accalmie » a-t-il déclaré tout en relevant au passage « l'ambiance délétère du moment qui nous conduit à courber l'échine devant les anomalies, à fermer les yeux devant les violations et à accompagner les anomalies de peur des affres des troubles et des violences de rue ».

Des critiques à peine voilées à l'égard de la gestion du pouvoir. Selon plusieurs médias maliens, ce départ a certes été précipité par la décision de la justice dans l'affaire Ras Bath, mais témoigne aussi du climat délétère qui règne au sein du gouvernement et mettant en cause plusieurs ministres. Certains seraient en effet tentés sortir de la barque à la moindre occasion au fur et à mesure que s'approchent les élections présidentielles de 2018 afin de ne pas être comptable du bilan peu reluisant d'IBK au regard de la situation sécuritaire toujours précaire que vit le pays.

La semaine dernière, c'est le parti Yelema de l'ancien premier ministre Moussa Mara qui a décidé de se démarquer de l'alliance soutenant le président.

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